Nouvel attentat salafiste au Bardo : Ce qu’il faut déduire des premiers éléments de l’enquête
En poignardant deux policiers mercredi matin devant le siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple au Bardo, l’assaillant, un salafiste s’est attaqué selon ses premiers aveux à "deux représentants du Taghout". Sans le moindre regret, il a affirmé agir conformément à ses convictions radicalisées contre ceux qui incarnent à ses yeux « le pouvoir mécréant ». Deux policiers de la circulation routière payent ainsi le prix de l’aveuglement des extrémistes religieux qui continuent à sévir lâchement. Le premier, un capitaine, poignardé au cou et grièvement blessé est admis en soins intensifs à La Rabta. Son état est jugé critique. Son collègue, touché au front a reçu sur place les premiers secours avant d’être évacué vers un hôpital proche.
Ces deux policiers n’étaient en fait que les premiers sur une longue liste bien renseignée (noms, photos, mouvements...) de députés retrouvée dans l’ordinateur du jihadiste, lors d’une perquisition immédiate chez lui.
Un autre attentat au Bardo, où le 18 mars 2015, le musée avait subi une attaque terroriste faisant 24 morts...
Aujourd’hui, les questions ne manquent pas. D’abord le choix de la capitale et plus précisément du grand carrefour du Bardo, en proximité de l’ARP. Ensuite, le ciblage de policiers de la circulation qui ne sont pas particulièrement en première ligne contre le terrorisme. Mais aussi, la date du 1er novembre, à trois semaines de la commémoration de l’attentat perpétré il y a deux ans, le 24 novembre 2015, contre des éléments de la Garde présidentielle, en bus à l’avenue Mohamed V, au centre-ville de Tunis, faisant 12 morts. Et, inéluctablement, qui se cache en fait derrière ce salafiste terroriste ? L’histoire des loups solitaires ne saurait plus convaincre personne.
A quelques heures seulement de l’attentat meurtrier qui a frappé Manhattan en plein cœur de New York, et en dépit des différences, les mêmes interrogations nous interpellent. Pourquoi ? Quels messages ? Et comment s’en prémunir ?
Si l’enquête qui vient juste de commencer ne livre pas encore ses premières conclusions, l’accusation va droit contre le salafisme terroriste qui est loin de lâcher prise. Difficile à éradiquer, il exige une vigilance continue et un dispositif de renseignement continu. La moindre relâche, la moindre inattention peuvent être fatales. Dans ce combat qui, malheureusement, peut prendre des années, les forces sécuritaires doivent traquer de tous leurs moyens les extrémistes violents et démanteler leurs réseaux. Le rôle de la justice est lui aussi primordial : aller jusqu’au bout pour confondre les terroristes, c'est-à-dire les juger ainsi que tous leurs complices en remontant aux commanditaires.