News - 02.11.2017
Tunisiens, votre enfant se radicalise : qui prévenir ?
La Police tunisienne a réitéré son appel aux familles tunisiennes, suite à l’assassinat mercredi au Bardo d’un officier de la Police de la circulation, par un takfiriste, de signaler tout comportement suspect de radicalisation violente de l’un de leurs enfants ou proches. Il ne s’agit pas de dénonciation, comme l’a souligné le porte-parole de la Police, Walid Hkima, mais de le sauver du pire qui pourrait lui survenir et d’épargner des vies humaines. La grande question qui taraude les familles et freinent leur décision est de savoir si, à elle seule, la prise en charge sécuritaire est la plus appropriée et s’il n’y a pas d’autres organismes publics plus indiqués et mieux outillés pour traiter les cas avérés.
A votre corps défendant, vous observez un changement graduel dans le comportement de votre fils ou de votre fille, voire d’un proche parent, qui se replie de plus en plus sur lui-même, plonge dans les réseaux sociaux fréquentant sites et pages FB d’obédience takfiriste, tient des propos radicalisés et s’enfonce dans l’endoctrinement. Désarmé, à bout d’arguments, incapable de l’en sortir, vous ne voulez pas baisser les bras. Vous épuisez vos parents, vos relations et tout votre entourage pour le désenvoûter. En vain !
Vous craignez pour lui et vous craignez sa fugue... voire son départ vers les zones de combat à l’étranger. Aller en parler à la Police ne vous paraît pas la solution la meilleure. Que faire dans ce cas ? Votre désarroi est compréhensible. Le gouvernement qui s’engage avec détermination contre la radicalisation et l’extrémisme violent et livre de toutes ses énergies un combat implacable contre le terrorisme n’a pas encore mis en place cet important maillon qui manque à sa stratégie. Dans certains pays, comme en France, des centres d’action et de prévention contre la radicalisation des individus (CAPRI) ont été créés, et un numéro vert anti-jihadisme a été activé. Les premiers résultats, il faut le dire, restent modestes. Mais, du moins, les familles savent à qui s’adresser et ne se retrouvent pas seules face à pareils drames.
L’assassinat de Riadh Barrouta, mercredi au Bardo, nous interpelle tous pour agir au plus vite. Au gouvernement de renforcer la coordination des divers dispositifs de renseignement et des organismes et départements en charge de la prévention de la radicalisation, de la prise en charge des extrémistes violents et de la traque des terroristes. Dédier un organisme à l’écoute des familles s’impose en urgence. Aux familles concernées d’y recourir. Et aux Tunisiens, de redoubler de vigilance et de soutenir les efforts des forces sécuritaires. C’est un devoir national.
T.H