Des lois sur la sécurité alimentaire et les produits industriels sont urgentes en Tunisie
Le contrôle souffre d’un manque d’effectifs, de moyens logistiques et d’agents qualifiés pour certains organes de contrôle nouvellement constitués. Le ministère du Commerce ne dispose que de 350 agents sur le terrain pour contrôler 425 000 points de vente sur tout le territoire ! Ces contrôleurs ne disposent pas toujours de moyens pour se déplacer, ni de dispositifs sécuritaires pour mener à bien leurs missions de saisie. Idem pour les vétérinaires qui ne sont que 85 pour contrôler 220 abattoirs.
Quelles sont les solutions ?
Les campagnes mixtes à caractère ponctuel sont efficaces et donnent de bons résultats, mais restent des solutions à court terme car elles mobilisent les effectifs de différents corps de contrôle, ce qui peut entraver leur planning préétabli. Ces campagnes sont donc espacées avec un rythme qui répond à des pics de consommation sectoriels ou saisonniers ou en cas de gestion de crise (comme c’était le cas dernièrement). Renforcer les effectifs des organes de contrôle (par exemple le recrutement de 100 contrôleurs qualité par le ministère du Commerce) et assurer les moyens logistiques (voitures, carburant, matériel…), assurer un dispositif sécuritaire pour certaines missions de contrôle.
Quel appel lanceriez-vous aujourd’hui ?
La promulgation des lois sur la sécurité alimentaire et les produits industriels est une urgence. Ces lois rendront obligatoires la codification et le marquage des produits, leurs caractéristiques et leur traçabilité. Par ailleurs, il faut renforcer les moyens des organismes de contrôle et impliquer même la Cnam dans ces processus. Un effort devrait être entrepris en matière de mise à niveau des laboratoires et de leurs capacités analytiques.
Il faut également appeler à un plan national de sensibilisation impliquant tous les organismes, les acteurs de la société civile ainsi que les canaux médiatiques du secteur public. Au niveau de l’INC, nous organisons une caravane nationale d’éducation à la consommation avec l’Institut de nutrition et l’Ancsep (Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits) qui visite chaque semaine une école primaire pour sensibiliser et éduquer les élèves à la consommation.
Avec une stratégie nationale d’éducation et de sensibilisation impliquant les médias nationaux et la société civile, nous pouvons avoir une armée de 11 millions de contrôleurs qui feront face, avec l’Etat et tous les organismes de contrôle, à tous les risques qui menacent notre santé. Un consommateur averti conscient de ses droits est la première ligne de défense contre les risques qui le guettent et menacent l’économie, la santé et la sécurité nationale.
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