Rencontre des hommes d'affaires Tunisiens en Europe : pour que les discours ne l'emportent pas sur le business
Paris - De l'envoyé spécial de Leaders - Combien de nouvelles affaires conclues ? Combien de nouveaux investissements engagés, lors de la 12ème rencontre annuelle des hommes – et femmes – femmes d’affaires tunisiens établis en Europe, tenu le week-end dernier à Paris. Difficile de le savoir, ce n’était pas l’objectif central. « Trop de discours et trop peu de business, déplore un chef d’entreprise interrogé par Leaders. L’initiative de l’Office des Tunisiens à l’Etranger est, en soi louable, l’organisation bonne et l’accueil chaleureux, mais nous voulons développer nos affaires, de manière concrète et profitable».
Plus de 100 participants ont afflué de Belgique, des Pays Bas, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie, d’Espagne et des régions de France. Le ministre du Développement et de la Coopération Internationale, M. Nouri Jouini, annoncé pour l’ouverture, samedi, viendra dimanche consacrer sa journée aux participants. L’Administration tunisienne y est représentée par de hauts cadres des ministères des Finances, de l’Emploi, des offices régionaux de développement et autres institutions. L’ambassade de Tunisie, l’ambassadeur Raouf Nejjar y a mobilisé toutes ses équipes économiques ainsi que le consul général à Paris, M. Thameur Saad et les consuls à Pantin (M. Abderrazak Ben Frej) et ceux de la région parisienne. Le secrétaire général du RCD à Paris, M. Hédi Limam, lui-même ancien PDG de l’OTE, s’y est mobilisé. L’Ambassadeur Représentant de Tunisie auprès de l’Unesco, M. Mazeri Haddad a répondu présent, tout comme le patron de l’ATCE, M. Mongi Zidi, venu de Tunis. Bref, une forte représentation officielle et technique, pour témoigner de l’importance de cette manifestation. Le PDG de l’OTE, M. Frej Souissi a dû « casser sa tire lire » pour faire au mieux avec les très maigres ressources allouées et compenser ses modestes moyens par une grande disponibilité, lui et ses équipes, notamment les Attachés sociaux en Europe. Mais, le concept doit changer.
« A une semaine seulement du Forum de l’Atuge et 5 stations de métro, relève un observateur, quel décalage ! Ils étaient plus de 1200 à l’Atuge au lieu de 100 seulement, dans un lieu emblématique (l’Ecole Supérieure) et non un petit hôtel (Campanile, 2 étoiles éloigné aux portes de Paris, terminus Gallieni), très ponctuels (sans une minute de retard) et très focalisés opportunités à saisir, avec certes des espaces de débat et de Networking. Il faudrait reprendre ce même modèle pour les chefs d’entreprise et ne pas tout laisser à la charge de l’OTE.»
C’est en effet aux opérateurs économiques tunisiens à l’étranger de s’inspirer de cette excellente initiative de l’Atuge et de se prendre eux-mêmes en charge, recommande un industriel installé en Europe Centrale. L’objectif pour nous est multiple : d’abord consolider nos affaires en cette période de crise, promouvoir des partenariats en Europe, tant entre-nous ici établis qu’avec la participation d’investisseurs tunisiens. Nous voulons aussi développer des partenariats en Tunisie, sur des projets privés existants ou à lancer en commun. Du soutien, du networking et de l’investissement. »
Mustapha, 30 ans en France a pu réaliser des projets en Europe et en Tunisie. « Aujourd’hui, confie-t-il à Leaders, je cherche à avoir une nouvelle dimension, faire partie de tours de table au capital de bons projets, mettre à profit mon savoir faire, capitaliser mon expertise, bref, nouer des contacts utiles et investir. » Evidemment, les recommandations de la dernière rencontre avaient bénéficié de l’attention du gouvernement et fait l’objet d’un Conseil ministériel restreint présidé par le premier ministre le 11 juillet 2009, comme le rappellera M. Souissi. Le programme présidentiel 2009-2014 est venu porteur d’engagements fermes. Il s’agit à présent de passer à la vitesse supérieure.
« La démarche opérationnelle, estime Ahmed, chef d’entreprise, est de créer une association des Tunisiens opérateurs économiques en Europe, fondée sur des chapitres par pays, de la mettre en synergie avec l’UTICA, une sorte d’Utica-Europe et de l’encourager à agir efficacement. Il lui appartiendra de susciter la constitution de Sicars, de tenir une base de données actualisées sur les entreprises et une bourse d’affaires et d’investissements, de multiplier les rencontres thématiques et par pays, de fournir l’assistance administrative, juridique, financière et technique. Bref, de jouer un rôle fédérateur, de catalyseur du business tunisien, et de pont avec notre chère Tunisie. »
L’idée fait son chemin. A lui seul et avec ses maigres ressources et ses contraintes, l’OTE dans sa conception actuelle, ne saurait y répondre. Il va falloir déclencher le processus. Le président de l’Utica, M. Hédi Djilani y sera certainement sensible et d’un grand apport. A l’Utica donc de jouer. Avec les banques aussi d’autant plus que l’ancienne UTB, convertie en banque européenne est bien désignée pour y souscrire.
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