Réponse à José-Maria Aznar: s'il faut sauver Israël, c'est de lui-même !
José-Maria Aznar, ancien Chef du Gouvernement espagnol et grand ami d'Israël devant l'éternel, vient de lancer dans le journal britannique «The Times», un appel «pathétique» aux occidentaux: «n'abandonnez pas Israël, déclare t-il en substance. Car en perdant Israël, vous perdez une partie de vos racines judéo chrétiennes qui constituent le fondement même de la civilisation occidentale». «Si Israël tombe, nous tomberons tous !», avertit-il.
Cet appel qui émane d'un homme connu pour ses sentiments antiarabes (alors qu'il était au pouvoir, il n'a pas hésité à qualifier les huit siècles de présence arabe en Andalousie de période la plus sombre de l'histoire de l'Espagne) a au moins le mérite de la franchise. Sans vaines circonlocutions, il dit tout haut ce que la plupart des dirigeants occidentaux pensent tout bas. Il y a quelques années déjà, Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne avait déjà excipé des mêmes arguments pour justifier le refus de la candidature de la Turquie à l'UE. Il faut croire que sa prise de position est passée inaperçue, puisque la Turquie continue de faire le siège de Bruxelles, remplissant l'une après l'autre les conditions mises à son adhésion sans pour autant atteindre son objectif.
Le soutien à Israël ne s'explique pas seulement par le sentiment de culpabilité des occidentaux vis à vis des Juifs comme on a tendance, trop souvent, à le croire. Il y a aussi cette islamophobie que certains officiels ne prennent même plus la peine de cacher. En appelant les dirigeants européens à soutenir l'Etat d'Israël, "un pays aux valeurs occidentales", qui est aussi "notre première ligne de front dans un Proche-orient menacé de chaos" , en agitant l'épouvantail islamiste et la menace supposée de l'Iran, Aznar prêche des convertis. Car dans ce combat contre "la barbarie qui monte du Sud de la méditerranée", l’Europe croit trouver en Israël, l'allié idéal pour endiguer "le danger qui vient du Sud de la Méditerranée".
Israël, la plus grande menace pour la paix dans le monde
Sur sa lancée, Aznar nous rappelle "qu'Israël est un Etat légitimé par l’ONU, et dont l’existence ne peut être objet de discussion. C’est un pays aux racines démocratiques profondes, un pays dynamique, avec une société ouverte qui se distingue sur le plan culturel, scientifique et technologique. C’est un pays aux valeurs occidentales mais qui se situe dans un environnement particulier, confronté à la guerre, aux attentats terroristes aveugles, et aujourd’hui, à la montée de l’islam radical et ses alliés qui œuvrent pour délégitimer son existence. Durant 62 ans, ce pays n’a pas connu une minute de tranquillité". En revanche pas un mot, pas une virgule sur le peuple palestinien, sur les souffrances qu'il endure depuis la création de l'Etat d'Israël, sur cette prison à ciel ouvert qu'est devenue Ghaza soumise, au surplus, depuis plus de 4 ans à un blocus inhumain, sur les tueries de Deir Yassine et Kfar Kassem reconnues par les historiens israéliens, la longue liste des assassinats des dirigeants palestiniens, les destructions de milliers de maisons et les 12000 militants palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes. Certes Israël est un Etat légitimé par l'ONU, mais c'est aussi celui qui a été le plus condamné par cette organisation. En 62 ans d'existence, cet Etat n'a pas fait connaître à ses voisins une minutes de tranquillité et non l'inverse comme l'écrit Aznar qui, à l'instar de nombre de ses amis à l'indignation sélective.
S'il faut sauver aujourd'hui Israël, c'est de lui-même, de sa logique meurtrière, de sa volonté délibérée de dénier au peuple palestinien le droit à un Etat viable et de l'humilier faisant ainsi le lit de tous les extrêmismes. On doute fort que cette victimisation et ce discours de la haine et de la mystification que l'Etat Hébreu et ses amis affectionnent particulièrement soient la meilleure façon d'aider Israël, devenu aux yeux des Européens eux-mêmes d'après un sondage récent la plus grande menace pour la paix dans le monde.