Nouri Kamoun - Système éducatif: La reconstruction s’impose
Depuis plus de 20 ans, le système éducatif Tunisien est en régression qualitative continue. Cette affirmation n’est pas une impression personnelle. Quand on exerce à l’université depuis longtemps, on ne peut pas s’empêcher de constater d’année en année la régression du niveau des bacheliers. Un recul considérable du niveau et de la valeur de beaucoup de diplômes universitaires s’en est suivi. Pour avoir des données quantifiées,les éléments de l’enquête PISA 2015 seraient encore plus parlants. Cette enquête internationale du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves de 15-16 ans est devenue une référence mondiale dans le domaine de l’évaluation de la performance d’un système éducatif:
- Classement de la Tunisie 68ème sur 72 pays participant à l’enquête avec un score de 366 contre un score de 556 pour Singapour classé premier. Le score moyen est 493 obtenu par exemple par l’Espagne. Le classement d’un pays beaucoup plus pauvre que la Tunisie, le Viet Nam, 8ème avec un score de 525.
- Pourcentage des élèves très bons dans le domaine des Sciences, ou bien en compréhension de l’écrit ou bien en mathématiques : 0.6%pour la Tunisie contre 39.1% pour Singapour
- Pourcentage des élèves très faibles à la fois dans le domaine des Sciences, en compréhension de l’écrit et en mathématiques : 57% pour la Tunisie contre 4.8% pour Singapour
- Le score de la Tunisie en compréhension de l’écrit a reculé de 21 points entre 2012 et 2015. C’est un exploit qu’aucun autre pays n’a pu même s’en approcher.
Diagnostic et causes du délabrement
Je vais commencer par énumérer rapidement quelles sont à mon avis les décisions ministérielles les plus graves, prises souvent à la légère au cours de ces dernières 20 années et qui ont engendré la dégradation du système éducatif.
- La suppression de l’enseignement professionnel au niveau du collège et la mise en place d’un enseignement général unique pour tous, alors que les aptitudes, les capacités d’apprentissage des élèves à la fin du primaire sont très différentes.
- La suppression du caractère obligatoire de l’examen national en fin de la sixième primaire. Cette évaluation nationale assurait le contrôle des prérequis minimaux pour pouvoir suivre des études au collège.Cette évaluation mobilisait l’école primaire et poussait toute l’équipe enseignante à faire de son mieux pour que le jour de la proclamation des résultats, les enseignants se sentent fiers de la qualité de la formation qu’ils ont assurée. Il y avait un niveau d’exigence implicite minimum qui s’imposait à tous.
- La suppression du caractère obligatoire de l’examen national en fin de la neuvième année de l’enseignement de base. Cette évaluation nationale aurait pu assurer une mobilisation des équipes pédagogiques afin d’atteindre des objectifs d’apprentissage chez leurs élèves, reconnus à l’échelle nationale. Les résultats de cette évaluation auraient pu assurer un niveau minimum de prérequis et auraitpermis une meilleure orienter des élèves au lycée pour pouvoir poursuivre suivant leur mérite et donc leurs aptitudes, un enseignent général, technique ou professionnel.
- L’intégration à l’école primaire de milliers d’enseignants sans passer par aucun concours national pour évaluer leur maitrise minimale des langues et des mathématiques et sans aucune formation de qualification pour ce métier. Ils sont là tout juste parce qu’ils tiennent à intégrer la fonction publique et ils se sont débrouillés pour assurer quelques remplacements. On peut se demander : Comment ces enseignants peuvent-ils s’imposer en classe, ont-ils tous le respect des élèves, des parents et de leurs collègues. Les conséquences de cette intégration donnent souvent lieu à des enseignants malheureux sans autorité, des élèves qui n’apprennent pas les notions fondamentales, des médias qui se permettent d’ironiser sur les fautes faites en classe par les enseignants et enfin des parents qui perdent confiance en l’école publique. Résoudre les problèmes de recherche d’emploi de la sorte c’est un grand mépris pour l’école ou une grande ignorance de la part des décideurs. Enseigner à des enfants nécessite des personnes qualifiées et bien formées.
- La réduction irrationnelle et irresponsable du service hebdomadaire des enseignants du primaire, décidée il y a 6 ans.En Tunisie, un enseignant du primaire assure 550h en moyenne par an alors que dans les pays développés et riches de l’OCDE, la moyenne est de 800h par an. Cette grave décision a engendré un recours au recrutement massif de personnes sans concours, sans aucune qualification et sans aucune formation pour assurer des cours au primaire. C’est cette grave décision qui a laissé des élèves de certaines écoles rurales dénoncer l’année dernière, le fait qu’un mois après la rentrée, ils n’avaient toujours pas d’instituteur.
- Laisser le champ libre depuis 2011 aux syndicats du primaire et du secondaire, à imposer souvent leur diktat profitant de l’affaiblissement général de l’état. L’image de l’enseignant dévoué, sérieux et généreux a été sérieusement affectée et pour longtemps. Curieusement, ces syndicats s’estiment être les plus aptes à tout décider, à avoir le dernier mot, à dicter à la nation ce que doit être l’école, comment doit être l’évaluation, comment doit se faire le recrutement.
- La suppression du concours de CAPES qui assurait un minimum de transparence et de sélection dans le recrutement des enseignants du secondaire bien qu’il était très mal organisé. En effet les programmes des épreuves ont été limités depuis 2011 aux programmes enseignés au collège et au lycée alors que les candidats devraient être jugés essentiellement sur leur maitrise des concepts fondamentaux de la discipline qu’ils veulent enseigner. En l’absence d’un tel concours, le recrutement est une corruption et une injustice que curieusement personne ne dénonce.
- L’annulation de la formation en master professionnel de l’enseignement et de l’éducation qui visait la formation des futurs enseignants du collège et du lycée. Les deux ministères ont cédé à des candidats qui en majorité ne voulaient pas entendre parler d’un retour aux bancs de l’université. La raison est claire, la mauvaise conception du concours. Là aussi, les épreuves du concours ont sélectionné les candidats qui connaissent le mieux les programmes du secondaire et non ceux les mieux aptes scientifiquement à être formés pour enseigner en secondaire.
Manifestations et conséquences du délabrement du système éducatif
- Souvent c’est le laisser-aller dans les écoles primaires.L’ambiance est généralement à la démobilisation totale sauf exception. Aucune exigence de formation quantifiée n’est à atteindre puisqu’il n’y a aucune évaluation nationale obligatoire qui permet la comparaison des niveaux atteints dans les différentes écoles. Le fait que des milliers d’élèves obtiennent des zéros en calcul ou en Français au cours du concours d’entrée aux collèges pilotes en dit long sur le niveau moyen des candidats.
- Certains enseignants du primaire (vacataires et titulaires)qui n’ont pas été formés pour ce métier difficile n’arrivent pas à faire passer le message aux enfants mais au lieu de manifester pour être formés, ils manifestent pour être régularisés.
- Des parents qui réalisent que leurs enfants n’apprennent pas bien ou n’apprennent pas du tout, les inscrivent dans des écoles privées croyant les sauver ainsi.
- Des professeurs de collège déboussolés devant des classes très hétérogènes. Ils ont parfois en face d’élèves qui ne savent pratiquement rien.
- Des élèves placés malgré eux au collège, dépourvus de prérequis nécessaires pour comprendre, se lassent, embêtent l’enseignant, font l’intéressant, font tout pour être exclus de la classe.
- Le professeur au collège malgré toutes sa bonne volonté, devant une classe indisciplinée, souvent lui-même pas bien formé pour gérer une telle situation fait ce qu’il peut pour transmettre le savoir et surtout pour terminer la séance sans grand drame en priant le bon Dieu qu’ au cours de la séance suivante, la classe soit moins agitée.
- A la fin du cycle du collège, les connaissances de base dans les matières fondamentales sont loin d’être consolidées comme elles devraient l’être alors que rares sont les élèves qui n’arrivent pas à avoir la moyenne nécessaire pour être orientés au lycée. Ceux qui ont eu un peu d’audace pour passer l’examen national de 9ème année sont en grande majorité surpris que la moyenne obtenue dans cette évaluation nationalesoit parfois la moitié de leur moyenne annuelle au collège.
- Au lycée, le même scénario se répète : On fait cohabiter dans la même classe, des élèves avec des prérequis, des aptitudes, des goûts et des projets professionnels parfois très différents. Beaucoup vont se trouver suivre un enseignement général duquel ilsne comprennent rien. Une perte de temps, d’efficacité et un nivellement par le bas en découlent naturellement.
- Peu importe, après quelques années, la plupart vont obtenir le baccalauréat.
- Seul bémol, les classes scientifiques (surtout la section Mathématiques) se vident, étant donné que la plupart des élèves ne se sentent plus capables de suivre ces études. Beaucoup choisissent la filière économie-Gestion par défaut étant convaincus qu’ils ne peuvent rien faire d’autre.
- La prolifération des cours particuliers au niveau du primaire, du collège et du lycée est un phénomène très complexe et n’a pas une seule cause. Au primaire par exemple, à mon avis la cause fondamentale est que vu le laisser-aller ambiant, l’apprentissage en classe est parfois absent et certains élèves en difficulté, ont besoin d’un soutien personnalisé. Alors qu’au collège et au lycée, étant donné que certains élèves ne comprennent rien, ils empêchent le déroulement normal de la séance et tout le monde s’est accommodé de la situation : Ce n’est pas grave, l’important est qu’on fasse une bonne ambiance en classe et on comprendra la leçon en cours particulier.
- Les relevés de notes de certains bacheliers vous laissent perplexe : un bachelier scientifique qui n’a aucune moyenne dans les matières scientifiques. C'est aussi le cas des bacheliers littéraires qui ne savent s’exprimer ou écrire correctement en aucune langue ne sont pas rares. Alors qu’au lycée, certaines disciplines sont supposées être approfondies suivant les spécificités de chaque section.
- Beaucoup de ces bacheliers ne se rendent compte de l’insuffisance de leurs prérequis pour poursuivre des études à l’université que quelques semaines après la rentrée. Comme conséquence, des jeunes complètement démotivés et malheureux ne sachant quoi faire.
- Une autre manifestation de l’échec retentissant de notre système éducatif, le fait que 100 000 jeunes quittent l’école primaire, le collège et le lycée chaque année sans aucune qualification professionnelle. Plusieurs raisons pour ce décrochage, l’une et peut-être la plus importante est qu’un jour, des décideurs politiques qui ont, par pur populisme, éliminé toute évaluation nationale (avant le bac) dans notre système éducatif et ont fait croire à ces jeunes qu’ils sont tous bons pour suivre un enseignement général et leur ont fait perdre des années de leur jeunesse. En plus, ils ont privé le pays d’une main-d’œuvre qualifiée que ces jeunes auraient pu constituer si on les avait orientés dès le collège vers une formation professionnelle qui correspond mieux à leurs aptitudes et au besoin du pays.
- Même si le cadre de cet article ne se prête pas au traitement de toutes les dimensions de la faillite de notre système éducatif, je ne peux pas omettre de mentionner que clairement, en discutant avec les jeunes bacheliers, on se rend compte que sauf exception, nos jeunes n’ont pas profité d’un enseignement de qualité qui leur aurait pu assurer une culture générale basique et qui leur aurait pu permettre de s’approprier les outils fondamentaux de pensée et de réflexion critique qui sont nécessaires pour comprendre le monde et la société que nous vivons. Justement c’est ces outils qui assurent entre autres, une immunité contre les extrémismes de tout bord. Malheureusement, l’enseignement supérieur ne fait pas mieux pour corriger le tir (c’est un sujet qui mérite à lui seul analyse et développement).
Proposition d’une démarche en vue d’une reconstruction du système éducatif
Je vais me limiter aux grandes orientations sans entrer dans les programmes ni dans l’organisation quotidienne de l’école, du collège ou du lycée. Pour redresser la situation, pour édifier une école qui fonctionne bien, qui assure l’instruction, la transmission du savoir et le développement des capacités intellectuelles des élèves, on a besoin d’enseignants compétents, respectés avec une autorité rétablie. On a besoin aussi d’instaurer des contrôles de connaissances à l’échelle nationale à la fin de l’école primaire et à la fin de l’enseignement de base. Deux types de collège doivent coexister pour dispenser deux types d’enseignement : un enseignement général et un enseignement professionnel.Pour ce qui est des enseignants, il faudrait leur assurer une formation initiale solide et une formation continue de qualité.
Dans le cadre d’un débat national qu’il est temps de lancer, je suggère la démarche suivante
- Les enseignants du primaire qui n’ont pas passé par un concours national de recrutement au cours des(plus ou moins) 10 dernières années doivent bénéficier d’une formation initiale disciplinaire et un encadrement pédagogique pendant au moins deux années. Ils doivent se consacrer complètement à cette formation, tout en gardant leurs salaires. Cette formation sera essentiellement disciplinaire assurée par des universitaires, en plus de quelques enseignements spécifiques. Cette formation sera couronnée par une évaluation écrite et orale organisée à l’échelle nationale. Les admis suivront pendant au moins un semestre un stage en classe sous la tutelle d’enseignants expérimentés connus pour l’excellence de leurs cours et de leurs approches pédagogiques. Ce stage sera encadré par un inspecteur pédagogique et nécessitera une validation déclarée par un jury. Quant aux enseignants qui échouent l’évaluation nationale, ils bénéficieront d’une autre chance.A ceux qui n’arrivent pas à avoir cette qualification, on pourra proposer leur intégration dans le corps des surveillants ou celui des administratifs dans les collèges et les lycées avec des grades équivalents aux leurs et ce après une formation de quelques mois.
Pour faire réussir cette formation initiale et la rendre matériellement réalisable, le service hebdomadaire pour un enseignant du primaire sera rétabli (au moins de façon provisoire) à 24 heures par semaine. Il est préférable de convaincre les enseignants de la justesse de cette mesure en les invitant à s’informer du service d’un enseignant du primaire dans tous les pays du monde. Je suis persuadé que leur sens de responsabilité les laissera accepter volontiers.
Il est temps pour que le métier d’enseignant au primaire, au collège et au lycée soit revalorisé, reconsidéré, reconnu, et attractif par ses salaires, pour les bacheliers les plus brillants. L’avenir de la nation en dépend. Dans le cas contraire, il y aura rupture dans l’instruction et la transmission des savoirs aux générations futures. - Une refonte totale de la structuration et des programmes de la licence actuelle de l’éducation et de l’enseignement doit être décidée. La formation disciplinaire constituera l’essentiel de la formation initiale des futurs enseignants du primaire et nonles thèmes théoriques des sciences de l’éducation. Cette formation sera assurée seulement dans les grands centres universitaires au sein desquels on trouve des équipes pédagogiques qualifiées et ayant une grande expérience.Cette formation sera transformée en un diplôme de 4 ans. La dernière année étant consacrée essentiellement à un stage en classe sous la tutelle d’un enseignant expérimenté connu pour l’excellence de ses cours et de ses approches pédagogiques. Ce stage sera encadré par un inspecteur pédagogique et un universitaire.
Il serait bon que Messieurs les Ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur sachent que la structuration actuelle de cette licence a négligé la formation disciplinaire en langues et en Mathématiques. Une commission indépendante pourrait organiser un test national d’évaluation et de qualification pour les futurs diplômés pour se rendre compte de l’échec de cette formation ou de sa réussite. - Une refondation de la formation initiale des enseignants du secondaire doit être décidée.
Il est urgent de transformer une grande faculté de lettres et une grande faculté de sciences en écoles normales supérieures pour la formation initiale des enseignants des collèges et des lycées.
La grande expérience des différents départements de ces deux institutions et les compétences universitaires y exerçant, seront une garantie pour une formation de qualité des futurs enseignants. Ainsi organisée et avec une bonne bourse proposée, on peut espérer que de très bons bacheliers choisiront de faire cette formation. Actuellement, ceux orientés vers les facultés, ont pour la plupart, un score moyen, voire faible. Alors c’est un peu difficile de faire d’eux d’excellents enseignants ! - Une formation continue de qualité de tous les enseignants du primaire et du secondaire devrait être mise en place. Cette formation continue devrait proposer des stages d’approfondissement disciplinaire et de réflexion pédagogique de qualité. L’enseignement supérieur doit y participer surtout pour les enseignants, du collège et du lycée.
- A la fin de sixième primaire, une évaluation nationale obligatoire est organisée. Son but est d’évaluer si une assimilation minimale des objectifs des apprentissages a été atteinte. Suivant la moyenne obtenue au cours de cette évaluation, les élèves seront orientés vers un collège général, un collège technique( ou professionnel ) ou bien déclarés redoublants. Ainsi chaque élève suivant ses aptitudes abstraites ou manuelles et son âge sera orienté. Des passerelles entre les deux types de collège seront possibles suivant les résultats obtenus et les aptitudes prouvées. Laisser entrer dans un collège général des élèves qui ne maitrisent pas (de façon minimale) l’écriture, la lecture et le calcul est un non-sens.
- A la fin de la neuvième année de l’enseignement général de base, une évaluation nationale obligatoire est organisée. Son but est d’évaluer les acquis pour la poursuite des études au lycée et si une assimilation minimale des objectifs des apprentissages a été atteinte. Suivant la moyenne obtenue au cours de cette évaluation, les élèves seront orientés pour préparer un bac général, un bac technologique ou un bac professionnel. Les meilleurs élèves des collèges techniques ou professionnels peuvent être autorisés à préparer un bac technologique ou professionnel.
- Les deux évaluations citées ci-dessus vont permettre d’identifier les points forts et les faiblesses des formations du primaire et du collège. Elles vont permettre d’avoir une localisation école par école, collège par collège des problèmes d’apprentissage et le degré de leur gravité.
- Un conseil national pour l’éducation peut être formé pour reconstruire le système éducatif et mettre en place des commissions disciplinaires ou multidisciplinaires pour proposer suivant ses directives des programmes et des mesures techniques. Ce conseil sera constitué d’universitaires dont l’excellence scientifique et pédagogique est reconnue et d’inspecteurs du primaire et du secondaire, des représentants de la formation professionnelle. Ce conseil pourra faire des auditions pour avoir les avis de toute les personnes compétentes qu’il considère capables d’enrichir ses analyses et ses réflexions sur une question donnée : instituteurs et professeurs avec une grande expérience reconnue, les spécialistes des sciences de l’éducation, les associations des parents d’élèves, le monde de la culture…).
Les syndicats seront auditionnés dans ce cadre, pas plus
Le système éducatif doit être évalué, reconstruit, supervisé, par l’excellence scientifique, pédagogique et intellectuelle de ce pays. Par contre tout le monde peut faire parvenir à ce conseil son point de vue et ses critiques.
Nouri Kamoun
Ancien Doyen de la faculté des Sciences de Monastir