Habib Ofakhri: Tunisie – Manger à en mourir
Mange-t-on pour vivre ou vive-t-on pour manger et… en mourir?
Telle est la problématique soumise mercredi à la réflexion par l’Institut national de la consommation et le centre arabe des recherches et d’études politiques.
En effet, la corrélation de l’alimentation et de la santé pose en Tunisie et ailleurs une panoplie de questions ayant trait à l’accès à l’alimentation, la culture de la consommation et la sécurité alimentaire.
Les interventions ont jeté un éclairage sur les questions traitées soulignant la nécessaire coordination entre les différentes parties en vue de définir les responsabilités et de sensibiliser le consommateur quant à sa propre prise en charge.
Diagnostic sommaire: l’obésité gagne les corps.En 2016, 30 pour cent de la tranche d’âge (35-70 ans) est concernée par un surpoids.Causes: sur consommation du sel et du sucre ainsi que des plats hyper-caloriques et autre fast-food.
L’institut national des statistiques dénombre 15,8 pc des Tunisiens souffrant de maladies chroniques (diabète, cholestérol, cardio-vasculaire, tension artérielle et dépistage de 15.000 cas de cancer par an) découlant du régime alimentaire désordonné et la sédentarité, totalisant 82 pc des décès.
Face à ces données auxquelles s’ajoute la sous alimentation de 600.000 Tunisiens selon la FAO, agence de l’Onu pour l’agriculture et l’alimentation et la transformation accélérée des habitudes alimentaires (abandon du blé dur,sur consommation du lait et dérivés,des œufs et des viandes blanches…),le contrôle de la sécurité des denrées industrialisées ou vendues dans les gargottes implantées à tout coin de rue s’impose.
Les services de contrôle du ministère de la santé publique et ceux de saisie et de sanctions s’activent. En 2017, ils ont procédé à 252.000 contrôles et la fermeture de 664 locaux. Leurs efforts seraient vains si le consommateur ne fasse pas preuve de perspicacité, du respect des règles élémentaires de l’hygiène et d’une conscience de son droit à l’alimentation saine.
Les participants de la rencontre ont placé leur espoir dans l’adoption prochainement par l’assemblée des représentants du peuple (ARP) d’une loi sur la sécurité des produits alimentaires et celle de l’alimentation animalière débouchant sur la mise sur pied d’une agence nationale de contrôle sanitaire.
Habib Ofakhri