Beji Caïd Essebsi : Je n'ai rien contre Youssef Chahed et je m'en remets à l'ARP pour le remaniement
Dans une conférence de presse,la première depuis le début de son mandat, le président de la République a affirmé qu'il n'avait pas de problème personnel avec Youssef Chahed, « c'est moi qui l'ai choisi pour diriger le gouvernement». Quant au sort du remaniement, le chef de l'Etat s'en remet à l'Assemblée et s'engage de ne pas s'y opposer quel que soit le vote des députés« bien qu'il qualifie «le gouvernement Chahed de cabinet occulte qui aspire à prendre la place du gouvernement légal». A plusieurs reprises, il rappelle qu'il avait accédé à la présidence de la République par la volonté du peuple et qu'à ce titre, il est tenu de veiller à la bonne application de la constitution. Or selon lui, «la démarche de Youssef Chahed n'était pas conforme à la constitution et au surplus a été marquée par une précipitation que rien ne justifiait». «l'absence de la Cour constitutionnelle s'est fait sentir, mais il y a des usages qu'il faut respecter tout comme la fonction présidentielle que certains veulent ravaler au rang de facteur» a ajouté le chef de l'Etat. Parmi les expressions qui sont revenues comme un leit motiv tout au long de la conférence de presse, « je suis au dessus des partis», « j'ai le sens de l'Etat». Répondant à une question sur la lutte contre la corruption, il a dénoncé les arrestations qu'il qualifie d'illégales : «ces mesures ont été prises en invoquant l'état d'urgence alors que celui ci est destiné à faciliter la lutte contre les violences et les atteintes à l'ordre public». A ce propos, il a révélé qu'il était contre la prolongation de l'état d'urgence mais qu'il avait fini par se ranger à l'avis de Youssef Chahed qui y était favorable. Enfin, il a nié toute tentation dynastique de sa part.
Ainsi donc le chef de l'Etat a tenu à mettre les points sur les i en levant le voile sur les péripéties qui ont entouré le remaniement et en tenant à ne pas s'abaisser là où certains ont cherché à l'entraîner. Il a joué l'apaisement surtout à la veille du Forum de Paris sur la paix et de la Conférence de Palerme sur la Libye auxquels il prendra part dans quelques jours.
Les petites phrases assassines étaient également présentes dans cette conférence : « Je n'ai rien contre ce remaniement, mais il y avait des noms dont je n'avais jamais entendu parler. Il y en a cinq d'Ennahdha. On peut à la fois porter une cravate, ne pas avoir de barbe et être d'Ennahdha», « Je respecte Chahed, mais nul n'est utile en tout temps». « La stabilité ne veut rien dire quand il n'y a ni lait, ni oeufs; elle n'est pas liée à une personne, mais à la politique qui répond aux besoins et aspirations de la population», «Lors du dialogue de Carthage, le gouvernement a fait l'unanimité contre lui».
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