Ghassen Salame à l'Onu : «Le véritable défi pour les Libyens est de reconstruire un Etat»
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Libye, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, Ghassan Salamé, a dénoncé jeudi 8 novembre «l’aventurisme militaire et les manœuvres politiques qui perpétuent l’instabilité dans le pays et pèsent sur son avenir».
M. Salamé, qui s’exprimait par visioconférence, a rappelé que depuis son dernier exposé devant le Conseil début septembre, la violence dans la capitale Tripoli a cessé grâce à un cessez-le-feu négocié par la Mission des Nations Unies en Libye (MANUL).
«Le 25 septembre, la plupart des assaillants se sont retirés de la ville», a-t-il expliqué. «Depuis, nous nous sommes efforcés de consolider ce cessez-le-feu, sur le terrain et au niveau politique, pour minimiser la perspective d’une crise similaire».
Selon lui, le succès dans la capitale est crucial, non seulement parce que Tripoli abrite la plupart des institutions gouvernementales et 30% de la population, mais aussi parce que ce qui fonctionne à Tripoli peut être un modèle à reproduire dans d’autres villes du pays.
«L'impunité doit prendre fin. Le phénomène des hommes armés qui agressent des installations médicales et des professionnels de santé, extorquent de l'argent à des institutions financières et des femmes qui font la queue pour obtenir des services bancaires est immoral, illégal et criminel. Cela doit cesser immédiatement», a dit M. Salamé.
Selon lui, la violence qui a éclaté en septembre reflète la fragilité sous-jacente du pays. Il a rappelé que le conflit libyen est en grande partie un conflit concernant les ressources et, tant que ce n’est pas résolu, la stabilité restera insaisissable.
Le Représentant spécial a indiqué que la violence à Tripoli a paradoxalement offert une occasion unique d'introduire des réformes économiques attendues depuis longtemps. Le 12 septembre, diverses mesures économiques ont été lancées afin d’améliorer les conditions de vie du peuple libyen et de réduire l’implication des milices dans l’économie souterraine.
De manière générale, M. Salamé estime que beaucoup de Libyens en ont assez «de l'aventurisme militaire et des petites manœuvres politiques».
Il a jugé important que la Conférence nationale réunissant un groupe largement représentatif de Libyens se réunisse, sans ingérence extérieure, pour concevoir une issue à l'impasse actuelle. Il a indiqué que cette Conférence nationale devait avoir lieu au cours des premières semaines de 2019 et que le processus électoral devait suivre au printemps 2019.
«La conférence offrira une tribune au peuple libyen et lui donnera la parole », a-t-il souligné. « Cette conférence ne doit pas être une nouvelle institution ni un effort pour remplacer les organes législatifs existants. Au contraire, elle doit créer un espace permettant aux Libyens de cristalliser leur vision de la transition et de ne plus être ignorés par leurs politiciens. L’appui international aux recommandations de la Conférence nationale sera essentiel à son succès».
Selon le Représentant spécial, «l’unité de la communauté internationale est donc cruciale si nous voulons des progrès dans la stabilisation de la Libye ». « Le véritable défi est de reconstruire un État uni, légitime et durable», a-t-il conclu.
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