Tunisie: Priorité à la résolution des problèmes économiques
Le gouvernement de M. Y.Chahed semble sûr de ce qu’il est en train de faire, mais sur le terrain la situation ne s’améliore pas de façon significative surtout pour les couches et les zones les moins favorisées quoiqu’il y ait des réalisations ici et là. Un tronçon de route par ci, une station de dessalement d'eau de mer par là. Des projets d’investissement en matière d'énergie solaire et même de production de pétrole, des projets d'un pont important à Bizerte et d’un port en eau profonde en perspective à Enfidha, mais il y a un mais. En effet, le peuple a perdu patience et confiance dans ceux qui dirigent le pays, faute de bonne gouvernance, car les préoccupations, terre à terre, ne sont pas encore satisfaites.Le couffin de la ménagère tarde à se remplir.L’inflation d’origine non monétaire n’est pas maîtrisée .Les gréves pour le relèvement des salaires alors que le nombre de chômeurs avoisine les 700 000 sont le pays quotidien. Les syndicats ne se préoccupent guère de productivité. L’investissement ne reprend pas nettement et les exportations sont faibles. Le citoyen ne comprend pas encore pourquoi la production et l’exportation de phosphates accusent un retard considérable sans que le gouvernement ne soit pas encore parvenu à résoudre ce problème épineux.
Je voudrais m’appuyer sur le récent appel du chef du Gouvernement portant sur l’implication de tous dans la solution des problèmes auxquels le pays est confronté depuis voilà huit ans. Une attente de huit ans c’est trop, ce qui explique que nos médecins et nos ingénieurs aient quitté à contrecœur leur pays pour s’épanouir ailleurs dans leur travail et goûter aux plaisirs de la vie après de si longues études. Il ne suffit pas de faire cet appel.Il faut créer les conditions de sa réussite.
Si le chef du Gouvernement est bien sincère, il doit finalement s’interroger sur les véritables raisons des critiques qui frappent son action et qui fusent de toute part. Pourquoi se cramponne-t-il à ce que lui dit son entourage de conseillers qui ont roulé leur bosse dans les gouvernements précédents et qui n'ont pas réussi ? Pourquoi ne fait-il pas l’effort d'écouter un autre son de cloche surtout que la politique jusque -là suivie depuis huit années n’a pas donné ses fruits ? Peut-t-on dire que le modèle de développement qui a montré ses limites avant 2010 et qui a conduit à la « révolution » de 2011 peut être reconduit et tenir encore la route ?
Il est plus qu’urgent de tenir une réunion de travail, sur trois ou quatre jours, avec tous ces experts qu’on a laissé sur le bord de la route, avec nos nombreuses compétences nationales qui ont exercé des fonctions, les professionnels des divers secteurs en crise ainsi que les représentants de toutes les organisations nationales afin de s'entendre sur un diagnostic précis de la situation et d’arrêter de concert un train de mesures à prendre dans l’immédiat et à moyen terme. Techniquement et quelle que soit les orientations idéologiques, il est possible d’arrêter ensemble un dénominateur commun et de balayer les ambiguïtés de part et d'autre. Seul ce consensus permettra de ramener la confiance et de sauver la barque au milieu de la tempête.
De grâce n’avancez surtout pas que les problèmes politiques devraient être résolus au préalable. Les problèmes économiques ont aujourd’hui la priorité absolue et les politiques peuvent continuer leur verbiage jusqu’aux élections qui permettront de faire le tri.
Mokhtar El Khlifi