Star du tennis privé de la Coupe Davis, Jo-Wilfried Tsonga se ressource à Djerba
6e meilleur joueur mondial et numéro 1 français de tennis, Jo-Wilfried Tsonga a choisi Djerba pour se reposer en convalescence et ressourcement, après sa blessure au genou. Souffrant d'une lésion tendineuse de huit millimètres du tendon rotulien gauche, il a été contraint de déclarer forfait pour le quart de finale de la Coupe Davis. Cette blessure, survenue progressivement lors de son parcours à Wimbledon, devrait le tenir éloigné des courts de compétition pour une durée minimum de quatre à six semaines. Cap alors sur Djerba. Discrètement, et dans la décontraction la plus totale, il entend se relaxer et retrouver ses ressorts, en prévision d’une nouvelle série de tournois qui l’attend. Saga d’un champion mondial franco-congolais qui porte la Tunisie dans le cœur.
De la Sarthe à l’US Open juniors
C'est sur les courts de Fay que Jo-Wilfried tape ses premières balles en compagnie de son père, originaire du Congo, venu faire ses études dans la Sarthe. Jo poursuit sa route au club de l'Université du Maine avec Hamid Laaquira et rejoint par la suite le club de Coulaines, aux Trois Vallées, avec Joël Cruchet puis Franck Lefay comme entraîneur. Le grand saut a lieu en 1998. Le Pôle espoir de Poitiers accueille ce gamin de 13 ans pendant 2 ans. Patrick Labazuy le fait passer de 15/3 à -15, et l’amène au titre de champion de France des 13-14 ans en 1999. Pour franchir un nouveau palier, direction Vincennes et l’INSEP.
Deux années d’apprentissage qui le propulse en 2002 au CNE de Roland Garros. L’ascension de Jo peut alors commencer. Ce joueur au physique impressionnant grimpe jusqu’à la 2ème place mondiale et remporte l’US Open juniors 2003.
Dans la cour des grands
L'année 2004 marque un tournant dans sa carrière. Le tennisman quitte les juniors et s'entraîne désormais avec Eric Winogradsky, ancien joueur professionnel. Après quelques soucis physiques (cheville, poignet, genou) en début d'année, Jo remporte en juin le premier tournoi "Future" de sa carrière à Lazarote (Espagne). Il enchaîne dans la foulée en remportant les "Challengers" de Nottingham (GBR) et celui de Togliatti (RUS). Puis en septembre, à Pékin, premier coût d'éclat. Après être sorti des qualifications, Jo élimine au 1er tour Carlos Moya, alors n°4 mondial. Le public français le découvre quelques semaines plus tard à Bercy, où il élimine au 1er tour Mario Ancic. Son parcours s’arrête au tour suivant face à Guillermo Canas mais le français ne laisse pas indifférent les spectateurs du POPB.
Un service canon, un coup droit de bûcheron : le jeu de Jo plaît. Le jeune français peut être satisfait da sa saison qui le voit passer de la 395ème place à la 163ème.
Les années noires
L’année 2005 est rythmée par les blessures : hernie discale, blessure aux deux épaules. Tsonga connaît une saison cauchemardesque. Sur un total de dix tournois, il abandonne à quatre reprises et déclare une fois forfait. Son classement s’en fait ressortir.
Il retombe au-delà de la 300ème place mondiale. Jo essaie de changer le cour des choses en 2006. Malgré quelques pépins physiques, il remporte l’Open de Rennes ainsi que trois Futures, ce qui lui permet d’attendre à la fin de l’année la 212ème place. Ces deux années passées à se battre contre un physique qui ne le laisse jamais tranquille lui forge un mental à toute épreuve. Jo en est persuadé : si son corps le laisse en paix, les résultats suivront.
2007, l’histoire peut commencer
Invité à l’Open d’Australie, il remporte la première manche face à Andy Roddick en disputant le tie-break le plus long de l’histoire du tournoi (20-18). Sa défaite en quatre sets laisse entrevoir de belles choses pour l’année 2007. Mais le duo Tsonga-Winogradsky ne s’emballe pas et reprend la direction des tournois challengers. Sans faire de bruit, le français accumule les victoires et décide même de faire l’impasse sur Roland-Garros pour continuer à travailler physiquement et tennistiquement. Une décision mal comprise par le grand public mais qui s’avère payante quelques semaines plus tard à Wimbledon. Auteur d’un formidable parcours, Jo s’incline en 8es de finale face à son ami Richard Gasquet. Ses victoires lui permettent de grimper à la 74e place du classement mondial et d’accéder ainsi pour la première fois à l’US Open, où il se fera battre au troisième tour par Rafaël Nadal. 43ème mondial à la fin de la saison, Jo peut attaquer l’année 2008 le couteau entre les dents
Tsonga Tsunami
Un phénomène est né en janvier 2008. Demi-finaliste à Adelaïde après avoir notamment battu le héros local, Lleyton Hewitt, Jo-Wilfried Tsonga crée la sensation à l’Open d’Australie. Andy Murray, Richard Gasquet ou Mikhail Youzhny plient sous les coups de boutoir du français. Mais le plus beau reste à venir. Opposé à Rafaël Nadal en demi-finale, le français inflige une véritable correction à l’espagnol en réalisant le match parfait (6-2 6-3 6-2). En quelques jours, Jo prend une nouvelle dimension. La France découvre à l’autre bout du monde un joueur qui est surnommé le Mohamed Ali du tennis en Australie et qui rappelle un certain Yannick Noah, dernier français vainqueur d’un Grand Chelem en 1983. Le beau parcours de Jo s’arrête en finale, battu en quatre manches par Novak Djokovic (4-6, 6-4, 6-3, 7-6 (2)).
Reçu en héros à son retour en France, Jo doit maintenant assumer son nouveau statut. Mais une nouvelle fois, le français voit son élan brisé par une blessure au genou. Contraint de déclarer forfait pour le 2ème tour de la Coupe Davis aux Etats-Unis, le protégé de Winogradsky effectue un break d’un mois avant de revenir pour la saison sur terre battue. La douleur au genou se réveille à quelques jours de l’ouverture de Roland-Garros. Cette fois, le mal est plus profond. Tsonga n’a pas d’autre solution que de se faire opérer et de se retrouver éloigné des courts pour de longs mois, obligé de faire l’impasse sur Roland-Garros, Wimbledon et les Jeux olympiques.
Bangkok, Bercy et le Masters
Trois mois après avoir quitté le circuit ATP, Jo-Wilfried effectue son retour à l’US Open. Tommy Robredo met fin à son parcours au 3ème tour. Mais Tsonga, rassuré par son état de santé, peut entrevoir une fin de saison semblable aux premiers mois de l’année. Il ne rate pas l’occasion de remporter son premier titre à Bangkok, en prenant sa revanche en finale face à Djokovic. Après un 8es de finale au Masters Series de Madrid et une demi-finale à Lyon, Tsonga se présente à Bercy avec la ferme intention de remporter le tournoi, synonyme de qualification pour le Masters de Shanghai. Survolté, il surclasse dans l’ordre Stepanek, Djokovic, Roddick, James Blake et David Nalbandian. Le pari est gagné. Même s’il ne peut franchir les matchs de poules au Masters, Jo termine l’année à la 6ème place mondiale.