La Tunisienne Malika Zeghal nommée Professeur à Harvard
L’universitaire tunisienne Malika Zeghal (44 ans) a été désignée, à compter du 1er juillet, professeur des croyances et pratiques de l’Islam contemporain à l’Université de Harvard aux Etats-Unis, dans le cadre du programme d’études islamiques soutenu par le Prince Al Waleed Ibn Talel. Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure (rue d’Ulm, Paris, 1987-91) et titulaire d’un doctorat en sciences politiques (Institut d’Etudes Politiques, Paris, 1994), elle avait entamé ses recherches post-doctorantes en 1995 aux Etats-Unis à l’Université de New York (Kevorkian Center for Near Eastern Studies) avant de revenir en France rejoindre pendant dix ans, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS - 1995 à 2005).
Malika Zeghal retournera en 2005 aux Etats-Unis à la demande de l’Université de Chicago (Divinity School) en qualité de professeur associée en anthropologie et sociologie de la religion. Harvard la sollicitera pour faire partie du Département des études et civilisations du Proche Orient et siéger au comité des études sur la religion. «Le Professeur Zeghal, déclare Diana Sorensen, la doyenne pour les arts et les humanités à Harvard, a gagné par ses travaux et recherches, la confiance des acteurs de la religion islamique au sujet desquels elle avait écrit ses livres. Son approche anthropologique, fondée sur des interviews, son travail d’enquête et d’observation sur le terrain et sa reconstruction du parcours des principaux acteurs du monde arabe confèrent à son œuvre un pouvoir remarquable. Excellente enseignante et chercheur à Chicago, elle sera pour nous tous d’un grande apport à Harvard.»
Auteur de nombreuses publication et deux ouvrages de référence, Malika Zeghal a centré ses recherches sur les relations instables entre les Etats arabes, les institutions religieuses et les mouvements islamistes durant les cinquante dernières années. A partir de sa thèse de doctorat sur les leaders et les programmes de l’Université d’Al Azhar au Caire, elle démontre comment les ulémas ont regagné un rôle significatif dans la formulation du savoir religieux et de ses normes au cours de la dernière partie du XXème siècle. Son ouvrage intitulé « Les gardiens de l’Islam : Les Ouléma d’al-Azhar dans l’Egypte contemporaine » (Presses Universitaires de Sciences Po, 1996) fait autorité en la matière. Son deuxième ouvrage « Les Islamistes marocains : Le Défi à la monarchie » (La Découverte, 2005), traduit en anglais a, également, connu un franc succès.
La consécration d'un brillant parcours
Inspirée par son éducation en Tunisie où elle a été le témoin d’un islam modéré et tolérant et issue d’une famille qui a donné à notre pays de grandes figures qui se sont illustrées dans les domaines du savoir et de la politique tels son père, le Dr Mohamed Zeghal, l’un des pionniers de l’ophtalmologie, ses cousins, le sociologue Abdelakder Zeghal, le statisticien Hassine Zeghal ou le militant Hamed Zeghal, ancien secrétaire général de l’UGET et Secrétaire d’Etat, Malika Zeghal a été attentive pendant ses études universitaires à l'évolution des convictions et des pratiques religieuses et y a consacré des recherches très appréciées dans les différentes sphères. Elle est reconnue aujourd’hui comme l’une des meilleures spécialistes en la matière. Sa désignation à Harvard, l'une des plus grandes universités américaines et, certainement, la plus connue à l'étranger, constitue une belle consécration à son parcours brillant.
L’Université de Harvard accorde depuis plus d’un siècle, un intérêt particulier à l’histoire de l’Empire Ottoman, à la langue arabe, aux études islamiques et à l’analyse de l’évolution de la communauté musulmane de par le monde. Grâce à un don généreux du Prince Alwaleed Bin Talal Bin Abdulaziz Alsaud en 2005 elle a pu développer ses enseignements et recherches dans ces domaines. Le programme d’études qui porte le nom du Prince vise à accroître la capacité de Harvard à promouvoir la paix, encourager une meilleure connaissance et une plus grande compréhension de la tradition islamique et, enfin, contribuer aux études des religions de par le monde. Pour Alwaleed, cette initiative constitue un pont additionnel entre l’Est et l’Ouest pour combler le gap existant et montrer la richesse de l’Islam et la diversité de sa culture.