Olfa Soukri Cherif Députée à l’ARP: Ce qui déçoit les bailleurs de fonds
Très active lors des Réunions de printemps à Washington DC, Olfa Soukri Cherif était de toutes les manifestations. Vice-présidente du réseau parlementaire mondial sur la Banque mondiale et le FMI, elle a été réélue, pour un troisième mandat successif, membre du conseil d’administration. La conférence globale 2019 a été ouverte par Christine Lagarde, directrice générale du FMI, et Kristalina Georgieva, présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale. Olfa Soukri Cherif a été la modératrice de la première session consacrée aux politiques qui œuvrent pour la prochaine génération et la nécessité d’investir dans le capital humain. Elle était notamment panéliste dans la table ronde organisée par la Banque mondiale sur le passage de la transition à la transformation dans la région Afrique du Nord-Moyen-Orient aux côtés de ministres égyptien, jordanien et djiboutien.
Enseignante à Paris 1 Sorbonne, puis à l’Institut supérieur des sciences humaines à Tunis, titulaire d’un exécutive MBA obtenu à Harvard, longtemps consultante auprès de l’Ocde à Paris, cette économiste et gestionnaire (FSEG Tunis) s’était engagée en politique en 2011. Elle sera élue à l’ARP, en 2014, sur la liste de Nidaa dans la circonscription de Ben Arous. Le désenchantement la conduira à reprendre sa liberté, quittant le groupe parlementaire Nidaa au Bardo, pour garder son indépendance.La Tunisie est une «success story» du printemps arabe. Toujours perçue comme une exception dans le monde arabo-musulman, essentiellement au niveau de l’émancipation de la femme, de la jeunesse et de la société civile. La révolution tunisienne a montré la nécessité du dialogue social pour un modèle de transition démocratique pacifique. Le modèle économique est cependant à repenser et des politiques publiques à évaluer.
Jusque-là, la Tunisie jouissait d’un contrat social fondé sur un accord entre le gouvernement et le peuple. Le gouvernement apportait des subventions pour les produits essentiels, assurait l’éducation et du travail pour tout le monde. Un jeune était assuré d’avoir un travail dans le secteur public. Aujourd’hui, c’est impossible, le modèle économique de développement est arrivé à saturation.
J’ai profondément le sentiment qu’il est urgent d’agir, car le monde fait face à des besoins énormes à l’ère de la révolution 4.0. Les innovations technologiques présentent des opportunités, elles peuvent insuffler du dynamisme et donner lieu à une croissance économique durable et solidaire.
Aujourd’hui, nous devons réfléchir à un nouveau modèle économique qui assure de l’espoir et des opportunités pour nos jeunes avec un système d’éducation de qualité permettant la création d’emploi pour les métiers d’avenir.
Le climat politique a engendré un coût. Ce coût se traduit par le retard de la mise à exécution des réformes structurelles. Sachant que le renforcement démocratique se fait par une croissance économique inclusive et à fort impact social.
Même si les bailleurs de fonds soutiennent la transition démocratique, et expriment leur sympathie envers la Tunisie, leur déception n’en est pas moins face à l’absence d’une vision globale et stratégique, poussant le gouvernement à agir dans l’urgence, en changeant constamment de priorités.