Pas d’Etat civique sans liberté de croyance et de conscience
Les organisations et associations soussignées expriment leur profonde préoccupation face aux fréquentes violations des libertés individuelles perpétrées, chaque année, par les autorités publiques avec le début du mois de ramadan. Les cafés et les restaurants ouverts pendant la journée sont alors envahis par les agents de l’ordre et leurs clients sont emmenés, parfois sous la menace, aux postes de police à l’image de ce qui s’est passé récemment dans l’un des cafés de la ville de Sfax.
Tout en étant stupéfaits face au comportement de l’agent de l’ordre qui a brandi son arme pour faire connaître son identité et surpris par la position du porte-parole officiel du ministère de l’intérieur qui a justifié l’attitude du policier et estimé que son arme était aussi un moyen pour l’identifier, les organisations et les associations soulignent que l’arme portée par le policier dans le but de protéger les citoyens et de défendre la loi ne peut, dans l’Etat de droit et des institutions, devenir l’équivalent d’une pièce d’identité à exhiber devant le citoyen, font assumer au ministère de l’intérieur la responsabilité de ce dérapage, expriment leur entière solidarité avec tous ceux dont les droits individuels ont été violés dans les cafés et dans les endroits publics pour avoir refusé par principe le rite du jeûne ou simplement pour avoir été contraints de le rompre pour des raisons de santé ou pour d’autres motivations personnelles et les assurent de leur soutien s’ils décident de recourir à la justice.
Elles rappellent également aux autorités tunisiennes et, principalement au ministère de l’intérieur premièrement l’obligation du respect des conventions internationales garantissant pour chaque individu ses libertés, sa liberté de pensée, de conscience et de croyance, deuxièmement le devoir de se conformer aux principes de la Constitution de janvier 2014 dont l’article 6 garantit la liberté de croyance et de conscience.
Elles attirent, en dernier lieu, l’attention sur le fait que la violation des droits individuels, l’obligation imposée aux citoyens de respecter les signes apparents du jeûne, la fermeture des cafés et des restaurants au nom du soi-disant respect du sentiment des jeûneurs et du souci de ne pas les provoquer, le harcèlement imposée aux non-jeûneurs, les comptes qui leur sont demandés sont autant de pratiques qui consacrent l’hypocrisie sociale et portent atteinte aux droits des non-jeûneurs en vue du contrôle de leurs convictions religieuses, ce qui est en contradiction totale avec les fondements de l’Etat civique que tout le monde souhaite mettre en place.
Les associations signataires
- Association Beity
- Association de Défense des Libertés Individuelles
- Association Tunisienne des Femmes Démocrates
- Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche et le Développement
- Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires
- Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat civique
- Ligue Tunisienne pour les Droits de l’Homme
- Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
- Syndicat National des Journalistes Tunisiens
- Union Générale des Etudiants de Tunisie