La polémique autour de la Hadhra 2010: que cent fleurs éclosent!
Depuis quelques jours, la polémique enfle. Fadhel Jaziri, l'homme par qui le scandale arrive, est l'un de nos plus talentueux artistes (on lui doit notamment des spectacles comme El Hadhra dans sa première version, la Nouba, Ezzaza et des pièces de théâtre en tant qu'acteur ou metteur en scène) comme Ghassalet El Nouader, Arab et Karrita) est accusé de tous les maux pour avoir osé nous offrir "une oeuvre iconoclaste", baptisée Hadhra 2010, où il aurait donné libre cours à ses fantasmes et procédé à un mélange des genres du plus mauvais effet.
On peut comprendre l'irritation des spectateurs, leurs frustrations et parfois même les partager, mais le rôle d'un artiste n'est-il pas de provoquer plutôt que de faire dans le convenu ou de caresser dans le sens du poil. On reproche souvent à Jaziri ses réactions d'enfant gâté à qui on on ne refuserait rien et à qui on passerait toutes les lubies. Mais on doit aussi lui reconnaître son refus des sentiers battus, son exigence vis à vis de lui-même et pour tout dire un certain panache dans l'adversité même quand il se fourvoie. Ce qui me paraît le cas, en l'occurrence. Jaziri, tout comme son ex compère Fadhel Jaïbi d'ailleurs, est un homme qui nous incite, en dépit et peut-être grâce à ses excès, à nous remettre en question, à ne pas céder au confort de la pensée unique. Toutes ses oeuvres sont autant de pavés jetés dans la mare du conformisme.
La scène artistique tunisienne en a bien besoin pour se renouveler et rompre avec le ronron habituel. Car si la monotonie est le pire ennemi de la création, les débats contradictoires en sont l'aiguillon indispensable.Ce qu'il nous faut aujourd'hui, c'est plusieurs batailles d'Hernani pour revitaliser notre théâtre, notre cinéma. Alors, que cent fleurs éclosent !