A quoi bon continuer à former nos étudiants les plus doués à l'étranger s'ils préfèrent y rester ?
Depuis une décennie, la Tunisie arrive à "placer" entre 7 et 10 jeunes à l'Ecole Polytechnique de Palaiseau, le nec plus ultra des écoles d'ingénieurs francophones sans compter quelques dizaines de jeunes dans d'autres grandes écoles, essentiellement françaises et allemandes. Tous ces élèves doués sont nés en Tunisie, ont fréquenté l'école tunisienne depuis le primaire jusqu'au baccalauréat et pour certains jusqu'aux classes préparatoires aux concours d'accès aux grandes écoles. C'est dire que s'ils constituent l'élite de la population scolaire tunisienne, ils n'en constituent pas moins un pur produit du système éducatif tunisien, pourtant si décrié (quel est le système éducatif qui ne l'est pas ?).
Leur diplôme en poche, ces jeunes traversent souvent l'Atlantique pour s'inscrire dans les meilleures écoles et universités nord américaines: Stanford, Berkeley, MIT, Princeton pour être littéralement happés au terme de leurs études par les chasseurs de tête et recrutés par les multinationales les plus prestigieuses. Rares sont ceux qui retournent au pays. Mais, ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Qui pour monter sa propre affaire; qui pour prendre en main l'entreprise familiale; qui pour répondre à une offre d'emploi alléchante dans une entreprie privée, notamment dans la téléphonie mobile où la concurrence est de plus en plus rude. Car l'entreprise tunisienne se modernise, s'internationalise même et elle a besoin de compétences pour conquérir de nouveaux marchés de plus en plus lointains.
Quant autres qui ont préféré rester, il ne faut pas croire qu'ils ont rompu leurs attaches avec la mère-patrie. Ils y ont laissé leurs familles et la parabole leur permet chaque soir une bonne immersion dans l'ambiance du pays. Beaucoup comptent y revenir même ceux qui se sont mariés et ont fait souche dans leur pays d'adoption non seulement pour finir leurs derniers jours mais pour y monter un projet en mettant à profit qu'ils ont acquise à l'étranger. Nos représentations diplomatiques veillent d'ailleurs au grain et s'emploient à ce que ces compétences gardent des liens solides avec leur pays en les entourant de toute leur sollicitude.
Loin d'être un gachis, les dépenses engagées par la communauté nationale sont justifiées. Le retour sur investissement est assuré.