Le marché commun africain (52 pays) démarre ce dimanche à Niamey : Suppression des droits de douanes sur 90% des produits
La Tunisie en sera bénéficiaire. Un grand marché de 1.2 milliards de consommateurs dans 55 pays du continent africain, sans barrières tarifaires pour la quasi-totalité des biens : le vœu pieux des pères du panafricanisme commence à se réaliser. Avec la ratification des parlements de 24 pays signataires (sur 52), l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) entre en vigueur ce dimanche 7 juillet, célébré par une journée spéciale organisée à la veille du XIIème sommet extraordinaire au niveau de chefs d’Etat, de l’Union africaine qui se tient dès ce lundi 8 juillet à Niamey (Niger).
Au nom de la Tunisie, le président Béji Caïd Essebsi y est représenté par le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, arrivé samedi dans la capitale nigérienne à la tête d’une importante délégation. La délégation tunisienne est composée notamment des ambassadeurs Kais Kabtni (Addis-Abeba), Mohamed Kahloun (Ouagadougou), et Karim Ben Becher, directeur Afrique, ainsi que Wassim Ben Salem, membre de l’ambassade de Tunisie à Addis Abeba.
Générant un gain additionnel de 300 milliards de dollars et la création d’au moins 300.000 emplois directs et 2 millions, indirects, sur cinq ans, cet accord portera le commerce interafricain de 15-18% actuellement à 25% à l’horizon 2023 (il est de 61% en Asie et 68% en Europe).
Le lancement de la phase opérationnelle de la Zlecaf, un an après sa constitution est marquée par la mise en ligne d’un portail électronique, le lancement du système panafricain des paiements et des règlements, par le président Abdelfettah Sissi, président en exercice de l'UA, ainsi que de l’Observatoire africain du Commerce (tableau cde bord).
Outre le président de la Commission de l'UA, Moussa Mhamat Feki et le président egyptien Sissi, pas moins de six chefs d'Etat prendront la parole à cette occasion. Il s'agit des présidents Mahamadou Issoufou (Niger), Idriss Deby Into (Tchad), Paul Kagamé (Rwanda), Fayez al-Sarraj (Libye), Dr Hage G. Geingob (Namibie), Cyril Raphamosa (Afrique du Sud), de la présidente de l’Ethiopie, Sahlework -Zwede et roi de l'Eswatini, ex-royaume du Swaziland, sa Majesté Mswati III. Se succèderont également sur le podium Roberto Azevedo, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Mukhisa Kituyi (CNUCED), Ancha Gonzalez et Neven Mimica (UE), ainsi que Benedict Okey Oramah présidente du conseil d’administration de la banque africaine d’import export (Afreximbank).
« C’est un excellent début, commente depuis Niamey un diplomate proche du dossier, à Leaders. Il s’agit à présent d’accélérer la mise en œuvre des instruments d’appui, ajoute-t-il, notamment la liste des concessions tarifaires sur le commerce des biens, les mécanismes en ligne de surveillance et d’élimination des barrières non-tarifaires, la plateforme des paiements et autres. Et d’inciter les pays qui n’ont pas signer l’accord à le faire et les signataires à le faire ratifier par leurs parlements. »
Cette ardeur est cependant tempérée par des experts économiques qui ne manquent de signaler les multiples entraves à surmonter. Ils s’attendent à des difficultés dans la définition des règles d’origine des produits et mentionnent la faiblesse du tissu industriel, les problèmes d’infrastructure et de logistiques ainsi que l’importante question du financement. « Un long parcours commence toujours par un petit pas. La Tunisie y a toujours cru et œuvré, jouant un rôle très actif pour la création de la Zlecaf et à présent son entrée en vigueur, confie à Leaders une source tunisienne depuis Niamey. »
T.H.