Ramadan 2010: la télévision de papa a vécu
Nos enfants avaient grandi avec "Choufli Hal". Il faut espérer que les nouveaux sitcom comme "Nsibti el aziza, malla zhar et "Dar el khlaa" leur feront oublier les Sboui, Dr Slimane, Azza, Dalenda, Fouchika et Zaineb d'autant plus qu'ils retrouveront cette année les mêmes acteurs même s'ils campent de nouveaux personnages. Comme les années précédentes, le ramadan 2010 est un mois béni pour les acteurs et toutes les professions qui tournent dans leur giron: caméramen, machinistes, décorateurs, scénaristes maquilleuses, etc. L'entrée en lice, cette année, de Nessma TV a donné un coup de fouet à la production télévisuelle tunisienne en accentuant la concurrence entre les quatre chaînes.
Les téléspectateurs auront droit à cinq ou six fictions ou sitcom en plus des productions proposées par les dizaines de chaînes satellitaires arabes. Finies les discussions animées du ramadan d'antan. Les bonnes habitudes ne se perdent pas tout à fait, heureusement, puisqu'on continuera à s'inviter mutuellement pour partager les repas d'el iftar et à discuter, même la bouche pleine. Mais aussitôt le repas terminé, on ira s'installer par une sorte de réflexe conditionné devant l'écran de télévision qui ressemble de plus en plus, par ses dimensions, à un écran de cinéma pour regarder le ou les feuilletons diffusés par les différentes chaînes tunisiennes et arabes. Une séance qui peut durer des heures au cours de laquelle on a tout intérêt à rester sage dans son coin même si on si apprécie très moyennement ce genre d'émission. Et puis, il y aura toujours les pauses de publicité pour souffler un peu.
L'ouverture du paysage audiovisuel tunisien doit permettre, outre d'offrir un grand choix pour les téléspectateurs, de contribuer à l'émergence d'une véritable industrie culturelle en Tunisie avec une production télévisuelle et cinématographique (les deux vont généralement de pair) que nous appelons depuis longtemps de nos voeux, avec à la clé des milliers d'emplois et des débouchés assurés pour les diplômés des écoles d'art dramatique et d'audiovisuel. Déjà la production actuelle aussi maigre soit-elle a permis d'absorber tout ce que le pays compte comme acteurs et professionnels du spectacle. Alors que dire si le nombre de chaînes passe à dix, si les hommes d'affaires se décident à investir dans ce secteur comme le font leurs homologues egyptiens depuis Talaat Harb.
Une nouvelle ère s'ouvre donc pour la télévision tunisienne. Finie le télévision de papa, la télévision unique. Le PAT est en train de changer sous nos yeux. Le changement, d'abord lent au point d'être imperceptible, s'accélère pour le plus grand bonheur des téléspectateurs et des professionnels. Le ramadan de cette année constitue l'une de ses prémices.