Mokhtar el Khlifi: Lettre ouverte à nos dirigeants
Nous avons tous vu que, Monsieur le Chef de Gouvernement pressenti, a pratiquement invité tout le monde et que Monsieur le Président de la République n’a cessé de recevoir, à bras ouverts, les convois de jeunes à la recherche d’un travail.
Nous attendons avec impatience ce qui va en découler et si nos dirigeants sont vraiment conscients que le temps presse et que les marges de manœuvres sont réduites sinon notre pays n’est pas à l’abri du terrible scenario grec mais avec cette différence que la Grèce qui a enfin consenti à un plan d’ajustement drastique a pu se relever grâce au soutien conditionnel de l’Europe.
Je ne pense pas que nos dirigeants, et encore moins notre peuple dans son écrasante majorité, soient conscients des défis économiques et sociaux à relever et des sacrifices qui nous attendent, si rien de concret et de bien étudié n’est fait.
Monsieur le Président de la République qui bénéficie, pour l’instant, d’une aura, surtout auprès de la jeunesse, pourrait bien être à l’origine d’une réunion de travail avec le plus grand nombre de nos experts en matière d’économie et de finances pour avoir une idée précise de la situation économique de notre pays.
Les conclusions de cette réunion de travail devrait être portée fidèlement à la connaissance de la population.
Cette analyse sera suivie par un plan de sortie de la crise comportant des mesures à court et à moyen terme et une campagne de sensibilisation.
Parmi les experts devraient participer ceux du Gouvernement (Finances, Economie, commerce, agriculture, services, INS, BCT) ainsi que ceux des organisations nationales sans oublier d’inviter des représentants des entreprises et des professions en contact direct avec la réalité économique et les médias.
Peu importe le nombre des participants pourvu que les débats soient bien organisés et qu’il y ait une véritable préparation de la part de chacun pour apporter sa plus-value.
Face à une analyse exhaustive de l’existant et d’un plan de redressement ayant recueilli l’assentiment de toutes les parties, ni l’UGTT , ni le citoyen, ne pourront revendiquer des droits pécuniaires, quoique légitimes, mais que l’état de l’économie ne permet pas de satisfaire dans l’immédiat.
Au cours de ces dernières années il y a eu certes, des augmentations salariales, il est vrai justifié par le niveau très bas des salaires, mais elles n’ont pas été suivies par une augmentation de la production et de la productivité.
Bien plus ces augmentations n’ont été en fait laminées par l’inflation et ce cercle vicieux ne peut plus se poursuivre ainsi sans risque.
C’est cette approche consensuelle avec la participation de tous qui permettra de ramener la confiance dans le cœur du citoyen et des agents économiques car ils auront la quasi-certitude qu’au bout de quelque temps, plus ou moins long en fonction de l’effort demandé, il verra le bout du tunnel.
Je préfère une démarche intramuros qu’un plan d’ajustement dicté par des bailleurs de fonds qui ignorent la spécificité tunisienne et qui n’auront d’autres préoccupations que de se faire rembourser des fonds qu’on a été incapables d’employer à bon escient parce que nous avons voulu vivre au-dessus de nos moyens.
Brabbi, épargnons-nous les discussions politiques tournant autour des egos, des exclusions insensées et des idéologies surannées émanant de partis politiques et accordons au temps son importance.
Remettons-nous ensemble au travail, à la discipline et au civisme.
A cet égard, les jeunes qui ne cessent de rendre visite au Président de la République pour demander du travail, devraient, en attendant que l’économie redémarre et crée de nouveaux emplois, être sensibilisés à la nécessité de faire réussir, par exemple, la campagne oléicole à court de main d’œuvre et à surtout à l’acquisition d’une expérience professionnelle qui leur permettrait de gagner dignement leur vie.
L’armée nationale pourrait, si elle avait plus de moyens, recruter davantage de jeunes et leur assurer une formation professionnelle.
En attendant et pour gagner du temps, Il est impératif que les entreprises nationales qui connaissent des difficultés soient auditées et que la CPG, source de gros revenus, n’accuse plus des arrêts intempestifs de travail.
Peu importe l’appartenance du CDG et le contenu de son CV. Faisons-lui confiance et dans un élan de solidarité et de responsabilité préparons-lui le travail. Cet appel s’adresse particulièrement à notre élite en retrait et qui se doit de mettre la main à la pâte car notre destin est lié.
Ne voyez dans ce statut que ma crainte de voir mon pays sombrer dans davantage de difficultés qui pourraient être à l’origine de graves perturbations sociales.
Mokhtar el khlifi