Carthage nomme Lassaad Ben Lamine coordinateur général de la Francophonie pour préparer le sommet de Tunis 2020
A douze mois de la tenue à Tunis les 12 et 13 décembre 2020 du 18ème Sommet de la Francophonie, la Tunisie se dote d’un nouveau coordinateur général en charge du dossier, Mohamed Lassâad Ben Lamine. Diplomate de carrière (ministre plénipotentiaire hors classe), il a été rappelé de sa retraite pour assurer la relève de l’ancien ambassadeur Hafedh Bejjar qui avait mis sa démission, début novembre dernier, entre les mains du nouveau président de la République, Kais Saied. Bejjar qui affiche au compteur le pilotage de nombre de grands sommets arabes (dont le tout dernier en mars 2019), africain (OUA) et spécialisés (SMSI), avait été chargé par le président défunt Béji Caïd Essebsi, de poursuivre sur le même élan pour la réussite du Sommet francophone et a été nommé à cet effet par arrêté du ministre des Affaires étrangères.
Son successeur, Lassâad Ben Lamine, 30 ans de carrière au sein du ministère des Affaires étrangères, est un spécialiste du multilatéral. Son dernier poste avant de faire valoir ses droits à la retraite était directeur des droits de l’Homme. Au long de sa carrière, il avait été affecté notamment à New –York (1987 – 1993), La Hay (1999 – 2004) et à la délégation de la Tunisie auprès de l’Unesco à Paris (2007 – 2012). Voir sa biographie complète.
Tout avait failli basculer
Alors que la réunion ministérielle de la Francophonie convoquée les 30 et 31 octobre dernier à Monaco, devait examiner les propositions de la Tunisie au sujet de la date du sommet, de son thème et de son logo, l’absence ce jour-là du ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui, non-autorisé à s’y rendre (il sera ‘’démis’’ / il ‘’remettra sa démission’’), avait jeté un grand froid dans le dos des participants. Passé l’effet de surprise, et remplacé à pied levé, par le secrétaire d’Etat, Sabri Bach Tobji, la situation a été sauvée par la qualité du dossier présenté et les amples explications techniques fournies par Hafedh Bejjar et Nabil Lakhal, directement en charge du sommet.
Le sommet du 50ème anniversaire
La Tunisie avait obtenu en 2017, lors du sommet de Madagascar, l’organisation du 18ème Sommet qui coïncide avec la célébration du 50ème anniversaire de la création à l’initiative de Bourguiba, Diori et Senghor, à Niamey, de l’Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT), l’ancêtre de l’actuelle organisation de la Francophonie. Conduisant la délégation tunisienne au 17ème sommet, tenu les 11 et 12 octobre 2018, à Erevan, capitale de l’Arménie, le président Caïd Essebsi, a reçu le flambeau, faisant accéder la Tunisie fin 2020, à la présidence de l’Organisation francophone. Depuis lors, le ministère des Affaires étrangères avait déclenché le processus approprié, en commençant par la mise en place du cadre réglementaire, et des structures appropriées.
Un dispositif déjà en place
C’est ainsi qu’un décret gouvernemental (n° 2019-428 du 20 mai 2019), a été pris, portant création, d’un comité national d’organisation du 18ème sommet de la francophonie en 2020 à Tunis et fixant son organisation et son mode de fonctionnement. En son article premier, il stipule qu’il est créé auprès du ministère des affaires étrangères un comité national d’organisation du 18ème sommet de la francophonie, qui se tiendra à Tunis en 2020, désigné ci-après « comité national ». Le comité national exerce, selon l’article 2, ses attributions sous la supervision du Président de la République. Il constitue le cadre institutionnel légal pour l’exécution des actions liées à l’organisation du sommet. Aussi, le ministre des affaires étrangères assure la présidence du comité national qui se compose des membres suivants : - un représentant de la Présidence de la République, - le représentant personnel du Président de la République auprès de l’organisation internationale de la francophonie, - un représentant de la Présidence du gouvernement, ainsi que des départements concernés.
De même, sont créées auprès du comité national les deux structures suivantes : - le comité exécutif, - le comité thématique et événementiel, ainsi qu’un secrétariat auprès du comité national. Il exerce ses attributions sous l’autorité et le contrôle du Président du comité national. Selon l’organigramme initial avec le ministre Khemaies Jhinaoui comme président du comité national, l’ambassadeur Hafedh Bejjar en tant que coordinateur général, c’est Férid Memmiche, représentant personnel du président de la République auprès de l’OIF, basé à Paris, qui est chargé du comité thématique, alors Nabil Lakhal, chargé de mission au cabinet du ministre coiffe le comité évènementiel.
Cette architecture est complétée par la création de six commissions spécialisées (arrêtés du 12 septembre 2019) chargées respectivement de la communication, la sécurité, le protocole et les relations publiques, les affaires administratives et financières, la logistique et la santé. La présidence des cinq premières commissions est assurée par la présidence de la République alors que celle de la santé est confiée au ministère de la Santé.
Logistique, mais aussi des thèmes politiques chauds
A-t-on pris du retard dans l’avancement des préparatifs ? Les organisateurs exigeants n’ont jamais suffisamment assez de temps pour bien réussir un événement de cette ampleur. Il s’agit à présent de désigner les meilleurs à tous les postes clefs, de mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu, de définir le champ d’intervention de la délégation de la Tunisie auprès de l’UNESCO (dirigée par l’ambassadeur Ghazi Gheraïri) qui couvre également l’OIF, et de dégager les moyens financiers et humains nécessaires. Le volet diplomatique est lui aussi de grande importance au vu de l’agenda du Sommet devant notamment statuer sur l’admission de nouveaux membres au sein de l’OIF, à l’instar de l’Arabie saoudite.
T.H.