À l'initiative du Bureau régional du PNUD : débat à Amman sur la lutte contre la corruption dans le monde arabe (Album photos)
Amman, de l'envoyé spécial de Leaders, Abdelhafidh Harguem - Le bureau régional du PNUD pour les pays arabes a choisi une date hautement symbolique, celle de la journée mondiale contre la corruption, célébrée depuis 2003 le 9 décembre de chaque année, pour organiser à Amman une rencontre de haut niveau sur "l'avenir des réformes dans les pays arabes visant la lutte contre la corruption et la consolidation de l'intégrité, à la lumière de l’agenda 2030 pour le développement durable ».
Ont participé à cette rencontre des hauts responsables, des acteurs de la société civile, des experts, et des chercheurs spécialisés de plusieurs pays arabes ainsi que des représentants de médias.
Du déni à la reconnaissance
Un constat sous-tendait l'organisation de l'événement : jusqu'à un passé proche, la corruption dans le monde arabe était considérée comme un sujet tabou qu' on ne débattait qu'en de rares occasions. Pis encore , la manière dont on combattait le phénomène avait fini par saper les fondements des réformes y afférentes par un excès de solutions techniques sporadiques, estime -t-on dans la note de présentation du PNUD.
Selon ce même constat, certains pays, sous l'effet de pressions tant intérieures qu'extérieures, ont entamé la mise en œuvre de stratégies nationales pour la lutte contre la corruption ainsi que la mise en place d'instances ad-hoc ou bien de mécanismes touchant à diverses structures en relation avec ce dossier.(10 pays arabes ont élaboré des stratégies et 12 autres se sont dotés d'instances de lutte anti-corruption).
Ainsi, on est passé en l’espace d’une décade du déni pur et simple de ce phénomène au stade de la reconnaissance de son ampleur, ce qui a conduit à l’élaboration de politiques publiques visant à le combattre.
La rencontre de Amman s'inscrit dans le droit fil de la nouvelle initiative régionale conçue par le PNUD en vue de permettre aux pays arabes et à leurs institutions de favoriser une meilleure prise de conscience de l'impact négatif de la corruption, et de l'impérieuse nécessité de la prévenir tout en imposant l'application de la loi pour la réprimer, ce qui doit engendrer en fin de compte une mobilisation maximale des ressources afin d'éradiquer la pauvreté et de conforter les bases de la bonne gouvernance à une vaste échelle , où les femmes, les jeunes et la société civile jouent un rôle agissant, conformément à l'objectif 16 du développement durable concernant la paix, la justice et les institutions efficaces.
À travers cette rencontre, un espace de dialogue était offert aux participants qui devaient discuter des réalisations antérieures, des défis actuels et des priorités futures en rapport avec la lutte contre la corruption et le renforcement de l'intégrité , tout en mettant l'accent sur les priorités au niveau des législations, les bonnes pratiques à suivre, les enseignements à tirer des expériences comparées menées dans ce domaine et les mécanismes de coopération à mettre en place entre gouvernements et parties concernées, y compris les femmes, les jeunes et la société civile.
Partenariat PNUD-KOICA
Au cours de cette rencontre un programme de partenariat PNUD-KOICA (Agence coréenne pour la coopération internationale) pour la lutte contre la corruption et la consolidation de l'intégrité a été annoncé.
Couvrant la période 2019-2023ce partenariat accorde un soutien prioritaire à l'Egypte, l'Irak , la Jordanie , le Liban , le Maroc , la Palestine et la Tunisie.
L'exemple tunisien
Le débat a permis de jeter la lumière sur les stratégies et les plans d'action anti-corruption engagés par le Maroc, le Liban, la Palestine, la Jordanie et la Tunisie.
Dr Mohamed Meftah , directeur général de l'unité centrale de la gouvernance et de la lutte contre la corruption au ministère de la santé a exposé l'expérience tunisienne en la matière.
Celle-ci peut être considérée à juste titre comme pionnière, la Tunisie ayant été le premier pays arabe à avoir mis en place un système numérique d'évaluation des risques liés à la corruption dans le domaine de la santé publique, au double plan humain et matériel.Ce système permet d'identifier les risques de corruption et de mauvaise gouvernance tout au long du processus curatif, depuis l'inscription du patient à l'hôpital jusqu'au dernier acte médical.
Dans l'élaboration de ce système entamée en 2016, la Tunisie a bénéficié de l'assistance du PNUD dans la formation du personnel alors que la KOICA en a assuré le financement. Tous les manquements à la bonne gouvernance sont relevés dans un rapport détaillé à la lumière duquel seront établies la cartographie des risques dans le domaine sanitaire et les priorités d’intervention pour lutter contre la corruption.
Un groupe formé de 25 experts représentant, le ministère de la santé , la CNAM, l'Instance nationale de lutte contre la corruption et la société civile veille au fonctionnement de ce système.
Abdelhafidh Harguem