Nouveau délai pour la formation du gouvernement, Habib Jemli comme Mehdi Jomaa en 2014 : témoignage
La prorogation de la date butoir pour la constitution du gouvernement, demandée par Habib Jemli, n’est pas inédite en tunisie depuis 2011. Mehdi Jomaa l’avait éprouvée. Désigné par le Quartet le 18 décembre 2013 de former son gouvernement, Mehdi Jomaa a dû attendre jusqu’au 10 janvier 2014, pour en recevoir la notification officielle par le président de la République provisoire, Moncef Marzouki. Ennahdha tenait en effet à ce que son chef du gouvernement Ali Laarayedh soit le consignataire avec Mustapha Ben Jaafar, président de l’ANC et Marzouki, de la nouvelle constitution.
Selon la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics (OPPP), le délai alors imparti n’était que de 15 jours. Mehdi Jomaa avait alors jusqu’au samedi 25 janvier à 24 heures au plus tard pour se présenter au palais de Carthage, remettre au président de la République un résumé de son programme et la composition de son gouvernement. Des tractations de dernière minute, au sujet notamment de la reconduction de Lotfi Ben Jeddou à la tête du ministère de l’Intérieur, fortement réclamée par Ennahdha avait bloqué le processus. Quelques minutes seulement avant minuit, Mehdi Jomaa avait franchi la grande porte d’honneur du palais de Carthage pour être immédiatement introduit par Adnane Manser et Aziz Krichen auprès du chef de l’Etat. Les mains vides, il était visiblement venu indiquer qu’un délai supplémentaire lui nécessaire. La nuit sera longue. Des partisans de Marzouki, en dehors d’Aziz Krichen, incitaient leur chef à refuser cette prorogation, le pressant de désigner une autre personnalité de composer le nouveau gouvernement.
Dimanche 26 janvier, à midi, Jomaa est de retour à Carthage. Marzouki lui accorde un nouveau délai. Sans perdre du temps, il reviendra le soir même remettre officiellement le programme et la liste de son gouvernement.
"En fait, nous précise, Mehdi Jomaa, je n'avais jamais demandé un délais supplémentaire. Le gouvernement était prêt. Et je devais remettre la liste, une conférence de presse était même organisée à Carthage je suis arrivé quelques minutes avant l'échéance et à la surprise de tout le monde, j'avais refusé de remettre la liste au président, dans un bras de fer avec L'ANC, car j'exigeais le seuil de 3/5 eme et non pas 50+1 pour la destitution des ministres par l'ANC. C'était un bras de fer politique qui a obligé lAnc de se réunir de nouveau et d'amender l'article. Vous etiez, Leaders et vous-même particulièrement avec l'excellent photographe Si Mohamed Hammi, parmi les rares à avoir vecu ça de l'intérieur. C'était perçu et commenté comme un coup politique et un passage en force. Je n'avais jamais demandé un délais supplémentaire. Et toutes les négociations pour la formation du gouvernement étaient tenues dans les délais."
Habib Jemli sera-t-il aussi rapide ? Difficile à envisager dans le contexte actuel. Mais son entourage affirme qu’il écourtera au maximum la nouvelle période qui lui est consentie. Une seule certitude : délivré de la pression de la première échéance, Jemli pourra savourer cette nuit un plein sommeil. Demain sera pour lui un nouveau jour…