Samir Gharbi: Une chronologie afghane
1893
Les colons britanniques trace une nouvelle frontière «La ligne Durand» pour agrandir leur empire. Cette ligne divise le peuple «patchoune» (musulman afghan) en deux, l’un reste côté afghan et l’autre passer côté «britannique» (empire des Indes). Les colons britanniques n’avaient de cesse – bien avant 1893 - que d’affaiblir le royaume antique d’Afghanistan en réduisant son vaste territoire au profit de leur empire.
1919
L’Afghanistan conquiert son indépendance. Mais il revendique les territoires «patchounes» qui seront donnés officiellement par les Britanniques au Pakistan qu’ils ont créé en 1947.
1919-1978
Lutte de pouvoir incessante entre Afghans attisée par les Britanniques et les Russes… Les communistes afghan l’emportent en 1978 en proclamant la République démocratique d'Afghanistan (RDA) à Kaboul, soutenu par Moscou.
1979
Le 15 mars, la révolte musulmane commence dans la ville d'Hérat à l'Ouest du pays. Elle est dirigée par le capitaine Ismaïl Khan qui deviendra célèbre comme chef de la résistance contre l'Union soviétique. Les premiers «moujahidines afghans» dominent les montagnes et commencentb leur «résistance armée» secrètement aidés par la CIA américaine.
Le 3 juillet, le président américain Jimmy Carter signe la première directive pour aider les islamistes afghans opposés au nouveau régime pro-communiste. Les affrontements entre «musulmans» et «communistes» s’intensifient. Moscou intervient à nouveau en renversant le pouvoir à Kaboul le 28 décembre.
1980-1989
L’Union soviétique intervient massivement à partir de janvier 1980 pour reprendre le contrôle des zones rebelles tenues par les résistants musulmans. Cette nouvelle guerre est soutenue par les Etats-Unis et plusieurs pays musulmans. Des milliers de «Jihadistes» (Algériens, Bosniaques, Philippins, Saoudiens, Palestiniens, Égyptiens, Iraniens, Syriens...) se joignent aux Moudjahidines afghans. Les troupes soviétiques sont dépassées et incapables de défaire ces combattants d’un nouveau type qui utilisent les terrains montagneux afghans pour mener une véritable guérilla financée et soutenue militairement par les États-Unis et autres pays occidentaux, le Pakistan, l’Arabie saoudite et diverses associations musulmanes à travers le monde entier. L’aide américaine aux rebelles, qui reçoivent plusieurs milliards de dollars de subsides et d’armements, devient décisive avec la livraison des missiles « Stinger » permettant d’abattre les hélicoptères soviétiques… L’Union soviétique décide alors d’évacuer le pays en février 1989.
1989-1992
Les «moujahidines» étrangers commencent à regagner leur pays respectif… Avec de nouvelles idées en tête et des forces dans les bras : utiliser «l’islam» pour prendre le pouvoir. Ce sera notamment le cas en Algérie, avec une guerre civile qui durera dix ans (1991-2001), puis en Bosnie (1992-1995), en Tchétchénie (1994-1996)…
Abandonné par Moscou, le régime communiste de Kaboul finira par tomber le 29 avril 1992.
C’est la fin de la première guerre d’Afghanistan (1979-1992).
1992-1996
De 1992 à 1995, un gouvernement issu de la résistance afghane prend le pouvoir, mais il y a des dissidences internes entre les «musulmans modérés» et les «fondamentalistes» (les nouveaux Talibans). Les affrontements armés se déroulent dans Kaboul entre Talibans, forces du gouvernement (Massoud) et moudjahidines (Hekmatyar…). À partir de 1994, les Talibans conquièrent peu à peu les différentes provinces du pays. De 1994 à 1996, soutenus par l’armée pakistanaise, ils conquièrent l’essentiel du pays et instaurent une dictature fondamentaliste. Des membres du Hezb-islami (parti de Hekmatyar) entrent au gouvernement du président Rabbani tandis que Hekmatyar devient Premier ministre. Durant l’été 1996, Oussama Ben Laden, fuyant l’Arabie saoudite et après un séjour de deux ans au Soudan, retourne en Afghanistan. Il diffuse une déclaration de «djihad» contre les Américains. Le 27 septembre 1996, les Talibans prennent Kaboul. Le mollah Omar, chef du mouvement et «Commandeur (autoproclamé) des Croyants», dirige le pays.
1996-2001
Les Talibans instaurent une loi islamique très stricte, avec pour objectif d’instaurer «le plus pur État islamique du monde», fondé sur une stricte application de la charia. Les femmes n'ont plus le droit à l'éducation, et les exécutions sommaires sont courantes. En 1998, la prise de la ville de Mazar-e-Charif entraine le massacre de quatre à six mille civils.
En mars 2001, c’est la destruction des statues de Bouddha préislamiques de Bâmiyân (VIe – IVe siècles av. J.-C.), inscrites au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Et le 9 septembre 2001, le commandant Massoud, surnommé le «Lion du Pandjchir», est assassiné lors d’un attentat suicide. Cet évènement est suivi deux jours plus tard des attentats du 11 septembre aux États-Unis, provoquant un revirement de la politique américaine qui va répondre rapidement...
2001-2014
Une nouvelle «guerre d'Afghanistan», déclarée par Bush, est engagée à partir d’octobre 2001 par les États-Unis et leurs alliés contre le régime afghan des Talibans. Cette guerre prend le nom de «guerre contre le terrorisme» avec l’objectif de renverser le régime des talibans (dès 2001), de capturer Oussama ben Laden (qui le sera en mai 2011) et de détruire Al-Qaïda. Face à ce dernier échec et aux coûts de la guerre, les Américains – Barack Obama – décident à nouveau de mettre fin à leur engagement et se retirer (partiellement) du pays le 28 décembre 2014.
2015-2019
Les nouvelles autorités afghanes ne parviennent pas à mettre fin à la guérilla des Talibans. Ces derniers reprennent du poil de la bête. Le nouveau président américain, Donald Trump, annonce, le 21 août 2017, sa volonté de désengager «totalement» son pays du bourbier afghan en négociant, s’il le faut, avec les Talibans. Des « pourparlers de paix » entre les Américains et les Talibans commencent «sans condition préalable». Les Talibans durcissent leur position…pour se mettre en position de force. Ils multiplient les attaques contre le gouvernement et les forces américaines. En septembre 2019, une attaque à Kaboul a fait douze morts, dont un soldat américain. Et, dans la nuit du 22 au 23 décembre, ils ont attaqué un convoi militaire dans le nord du pays tuant un soldat américain, le 20e depuis le début de l’année. C’est déjà l’année la plus terrible pour les Américains de depuis l’arrêt officiel des opérations de combat en 2014. A chaque attaque, les «pourparlers» sont suspendus, mais ils reprendront…
S.G.