La Chine s'est éveillée, mais le monde n'a pas à trembler
On connait la célèbre phrase de Napoléon : "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera". La Chine s'est éveillée.Elle vient d'accéder au rang de deuxième puissance economique mondiale après les Etats Unis, mais avant le Japon. L'accession à la première place n'est plus qu'une question de temps car elle est "inéluctable", selon le sinologue et ancien diplomate français, Lionel Vairon qui répond en exclusivité aux questions de Leaders. Mais, rassure t-il, il n'y aura pas de "péril jaune", déplorant que la Chine fasse, souvent, l'objet d'une campagne de dénigrement, "en particulier en Europe" dont les médias seraient "le principal vecteur". Non pas qu'il leur reproche d’évoquer "des sujets brûlants comme l’environnement, les droits de l’homme, les injustices sociales", mais plutôt de ne montrer de ce pays que "les aspects négatifs, les faiblesses, les erreurs". Ce qui conduit, selon lui, à "une vision biaisée tant de l’opinion publique que d’une partie des dirigeants politiques de ce qu’est réellement la Chine en 2010."
Avec une croissance qui devrait se situer pour l’ensemble de l’année 2010 autour de 10%, et même si un ralentissement de la croissance paraît nécessaire en 2011 ou en 2012, la Chine sera désormais l’un des principaux moteurs de la croissance mondiale avec les États-Unis. Elle a donc les moyens de faire entendre ses vues à l’échelle internationale. L’émergence de la puissance chinoise conduira sans aucun doute à un remodelage de l’ordre international. Les Européens tentent encore de le réfuter mais les États-Unis ont, eux, compris que cette nouvelle ère était venue.
Cette nouvelle donne profitera t-elle à l'Afrique ? Pour le sinologue, ancien diplomate et enseignant à l'INALCO (Langues O)Cest aux Africains eux-mêmes de décider de la forme que prendra leur partenariat avec la Chine, de tirer de ce pays le meilleur de son expérience de ces trente dernières années pour accélérer le développement économique et social. La Chine n’est pas un modèle, ses particularités sont trop fortes par rapports à l’Afrique, mais de nombreuses leçons peuvent être tirées de ses expériences.
La Tunisie peut tirer un grand bénéfice d'un partenariat "bien compris" avec la Chine
Quant à la Tunisie, Lionel Vairon estime qu'elle peut saisir "les opportunités qui se présentent sur le plan économique et commercial. Son atout majeur est la stabilité. Il est certes, possible de réaliser des opérations commerciales ponctuelles. Mais construire des partenariats durables demande des efforts, une compréhension et une confiance mutuelles, et je pense que les milieux économiques tunisiens et chinois n’en sont pas encore arrivés à ce stade. Les milieux d’affaires et industriels considèrent généralement que la perspective des gains fait sauter les barrières et que s’entendre sur des contrats suffit à nouer une relation. Rien n’est plus faux et la multitude d’échecs de partenariats sino-arabes est là pour le prouver – mais c’est aussi vrai avec les Européens.
Dans sa phase de développement actuelle, la Tunisie peut tirer un très grand bénéfice d’un partenariat bien compris avec la Chine, mais elle doit pour cela comprendre son partenaire et faire appel à de véritables spécialistes qui permettront la mise en place de partenariats harmonieux et durables."