Amiral Kamel Akrout : Réflexions à propos de la montée de violence
Il ne s’agit pas ici d’évoquer les causes de la montée de violence ni de crimes en tout genre que vit le pays actuellement mais de réfléchir ensemble à quelques mesures à prendre.
En effet, les braquages ne s’arrêteront pas là si aucune mesure sérieuse et bien réfléchie n’est prise dans l’immédiat. Si la situation continue on va être amenés à voir des groupes de criminels et des gangs ayant contrôle de quartiers, et mêmes de villes entières, les règlements de compte commenceront et ce fléau deviendra si puissant que ce sera difficile de l’éradiquer. Ensuite, devant la passivité et le laxisme général ainsi que la peur du citoyen, ces criminels pourront former une sorte de mafia qui touchera tous les secteurs. Et ce qui a inspiré et renforcé ces gangs c'est de voir leurs anciens caïds devenir députés et être invités à décider de l’avenir du pays.
Lutter contre le crime organisé nécessite une approche globale allant de la justice, à l’éducation, au social etc. Je vais me limiter ici au moyen sécuritaire (seulement ce aui peut être évoqué publiquement) pour lutter contre ce fléau, vu qu’il est le plus efficace à court terme:
Une 1ère urgence à mon avis, c’est de mieux exploiter les services spéciaux de lutte contre les crimes organisés (le corps d’élite), l'essence même de leur travail. En fait, voir des services spéciaux accompagner des personnalités dans des visites ou dans des matchs (et recevoir des jets de pierre par la même occasion) c’est les user, les banaliser, les frustrer et les sous exploiter. Un show off inutile et payant!
Une 2e urgence est de cesser de politiser le secteur, mettre les compétences à la place qu’il faut, leur laisser le temps de travailler et leur donner des instructions claires, afin de les protéger et surtout de protéger le citoyen.
Une 3e urgence (et elle ne prend pas de temps si les idées sont claires) est de restructurer le ministère de l’Intérieur et réformer le secteur sécuritaire du simple poste de police aux différents postes de commandement et de décision; revoir la doctrine d’emploi des forces et la bonne gestion du potentiel humain; avoir recours aux technologies avancées même en commençant par une coopération avec le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique; et last but not least, revoir le profil de carrière du personnel du ministère et bien sûr revoir le rôle des syndicats.
Nous avons besoin de têtes pensantes pour mettre en place des visions, stratégies et plans d’action afin de dresser la situation. Si on est déjà submergé par le quotidien, le travail de fond devient un luxe!
Contre-Amiral (ret) Kamel Akrout