Décès de Jean Daniel : Je suis en deuil, par l'ambassadeur Mohamed Ali Chihi
Ce jeudi est un jour extrêmement triste pour moi. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma profonde tristesse. La Tunisie vient de perdre un grand ami. Jean Daniel était une sommité du journalisme mondial, ainsi que le plus grand éditorialiste à l’échelle internationale.
Notre amitié a débuté en 2014, lorsque j’étais ambassadeur à Paris. Je me rappellerai toujours de nos après-midi débats à son domicile. Lors de ces précieux moments la notion de temps n’avait plus de valeur pour moi. La Tunisie était bien évidemment au centre de nos discussions. Il évoquait toujours ses souvenirs en Tunisie, sa blessure causée par les tirs de l’armée française en juillet 1961 quand il couvrait les événements de cette période cruciale pour notre pays, ainsi que ses différents avec des responsables français quant à son engagement envers le peuple algérien.
Il était convaincu que l’armée française voulait l’éliminer et que la fusillade de Bizerte n’était qu’un acte délibéré des chefs militaires pour faire taire un militant qui défendait l’indépendance algérienne.
D’autre part il ne tarissait d’éloges sur cette jeune révolution tunisienne, réitérant son émerveillement et sa fascination devant cet exploit et regrettait son absence lors des manifestations.
Je ne peux oublier l’intense émotion de Jean Ben Said, de son vrai nom, lors de la cérémonie à l’ambassade, où il a été décoré des insignes de l’Ordre du Mérite Culturel de la République Tunisienne. Son émotion était telle que ses yeux brillaient de mille feux.
Ses visites à la résidence me permettaient d’admirer davantage ce grand homme et d’enrichir mes connaissances. On ne peut se lasser d’écouter les anecdotes et les confidences de Jean Daniel.
Tu nous as tous marqué et tu resteras à jamais gravé dans nos mémoires.
Repose en Paix l’ami.
Mohamed Ali Chihi
Ancien ambassadeur de Tunisie à Paris
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