Le Sénat américain engage l'Administration Trump à négocier un accord de libre échange commercial avec la Tunisie
Washington D.C. – Correspondance particulière pour Leaders. Un grand pas décisif vient d’être accompli sur la voie de l’établissement d’un accord cadre de libre échange commercial (FTA) entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique. Sur proposition des sénateurs Christopher Murfy et Lyndsay Graham, le Sénat a adopté une « résolution non-contraignante » exprimant son « sentiment que les États-Unis devraient entamer des négociations en vue de conclure un accord de libre-échange avec la République de Tunisie ». Cette résolution, acte majeur amorce le processus devant permettre aux produits agricoles, industriels et d'artisanat tunisiens d’accéder à l’immense marché américain, dans la réciprocité, concrétisant ainsi un vœu pieux sans cesse réitéré depuis de longues années. Elle accorde à l’Administration américaine, représentée par l’United States Trade Representative (USTR), l’agence relevant directement de la Maison Blanche, chargée des négociations commerciales, un délai de 90 jours pour répondre de la suite qui y sera réservée.
De sources proches du Congress, la Tunisie, apprend Leaders bénéficie d’un soutien effectif des deux chambres (des Représentants et des Sénateurs) et des deux partis (Républicain et Démocrate) ce qui augure d’une suite favorable pour ouvrir ces négociations. Septième partenaire commercial africain des Etats-Unis, et jouissant d’un appui significatif à Washington, elle peut prétendre à « un traitement bienveillant et rapide » de la part de l’USTR.
S’agissant des délais d’engagement de ces négociations et de leur réussite, tout dépend à présent du degré de préparation et de mobilisations des parties concernées tant à Tunis qu’à Washington, souligne à Leaders une source informée. Il appartient au ministère du Commerce, chef de file technique, de s’y inscrire très rapidement en étroite collaboration avec l’USTR.
Une démarche tunisienne déterminée et insistante
Selon des spécialistes interrogés par Leaders, le projet de l’accord qui sera négocié avec la Tunisie s’inspirera largement de celui qui vient d’être conclu par les Etats-Unis avec le Canada et le Mexique.
Longtemps réclamé par l’UTICA, l’UTAP et la Chambre de Commerce Tuniso-Américaine (AmCham), il a été porté par la diplomatie tunisienne à bras le corps. Lors de sa visite officielle aux Etats Unis en octobre 2011, le président Caïd Essebsi, alors Premier ministre l’avait vivement mentionnée au président Barack Obama, puis aura l’occasion de le lui réitérer en mai 2105, à l’occasion de sa visite d’Etat en tant que président de la République. Il était suivi en cela par les deux chefs de Gouvernement, Mehdi Jomaa (en avril 2014) et Youssef Chahed (en juillet 2017), reçus à Washington.
L’ambassadeur de Tunisie aux Etats-Unis, Fayçal Gouia, s’y est particulièrement investi à la tête de son équipe, n’épargnant aucune occasion pour paver la voie, bien difficile, afin de franchir chacune des étapes successives nécessaires. A la tête de l’AmCham, Amel Bouchamaoui, puis ses successeurs ont de leur côté, mobilisé leurs partenaires américains L’adoption par le Sénat de cette résolution fondamentale est en effet la consécration de tant d’efforts déployés sans relâche, à divers niveaux.
Pas plus tard que le 14 juin dernier, le ministre du Commerce, Omar Behi avait conduit une importante délégation dans la capitale fédérale américaine, à l’occasion de la réunion le de la commission mixte économique, plaidant en faveur de cet accord. Co-présidée avec le sous-secrétaire au Commerce international du département du Commerce américain, M. Gil Kaplan, et le haut responsable du Bureau des affaires du Proche-Orient du Département d’État l’Ambassadeur Joan Polaschik, la commission mixte, tenue en présence des ambassasdeurs des deux pays Fayçal Gouiaa et Donald Blome, a été fructueuse.