Hicham Gribaa
Hicham nous a quittés. Nous venons de perdre, ce dimanche 30 août, notre ami de toujours et de tous les jours, Hicham Gribaa, à l’âge de 66 ans. Je n’imaginais pas que je serais amené un jour à lui rendre cet hommage et à exprimer cette immense tristesse qui nous a envahis, son épouse Leila, ses enfants que nous affectionnons, ses parents, ses amis et toute une foule dense venue l’accompagner à sa dernière demeure.
Il y a un an il a été surpris par la maladie certes chimiosensible mais dont il a mal supporté le traitement lourd et très pénible malgré la présence constante et le réconfort de sa famille. Après une rémission de trois mois, nous avions repris espoir et nous avons tâché de lui communiquer un optimisme indispensable à son moral et à son combat. Sa lucidité qui lui avait laissé entrevoir le pire, notamment ces derniers mois, n’avait pas altéré son comportement fait de sérénité, de dignité et de courage.
Nous venons de perdre en Hicham, un ami sincère qui avait un sens aigü de l’amitié, un militant des droits de l’homme convaincu et un citoyen dévoué à la cause de son pays.
Il venait d’accéder en 1985 au Comité Directeur de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) et assistait à ses réunions hebdomadaires. C’est alors que notre amitié s’est affirmée et renforcée au fil du temps. Nous avons parcouru ensemble pendant plus de trois ans un chemin riche d’imprévus et de difficultés. Indéniablement, son concours nous aidait à les surmonter.
Calmement, aux problèmes posés, il proposait des solutions réfléchies, pertinentes que nous adoptions volontiers. Il savait retenir l’attention des membres du Comité et entrainer leur agrément par la modération de ses propos et la logique de son raisonnement.
Lors de mon passage au ministère de la Santé Publique, il a été la première personne que j’ai choisie pour me seconder dans ma tâche, j’avais une totale confiance en lui ; je connaissais ses qualités intellectuelles, sa franchise, son honnêteté. Il fut mon bras droit. Son rapport sur le financement de la Santé Publique et de la CNAM méritait d’être exploité déjà à cette époque.
Après plusieurs fonctions au service de l’Etat, au Ministère de la Santé Publique et au Ministère des Affaires Sociales, il avait crée une société destinée à la mise à niveau des entreprises et à la formation de leurs cadres dont les nouvelles orientations économiques avaient le plus grand besoin. Expérience aux débuts prometteurs qui a été très rapidement interrompue pour des raisons indépendantes de sa volonté. Sa discrétion face aux déceptions et aux revers qu’il a subis était une de ses qualités.
Toutes ses actions tant publiques que privées étaient toujours accomplies dans le plus grand désintéressement. Son intégrité morale était sans faille. Bien que toujours passionné par ses engagements, il savait néanmoins garder la mesure en toutes circonstances.
Il était entouré d’un groupe d’amis choisis qu’il recevait avec chaleur et simplicité chez lui où s’échangeaient des propos touchant l’actualité, le sport et la littérature. Il faisait preuve d’une grande érudition en analysant notamment les ouvrages de son ami Hamadi Redissi traitant du fait religieux. Ces réunions dont il était l’âme disparaitront probablement avec lui.
Que ceux qui ne l’ont pas connu ou plus encore ceux qui ne l’ont pas compris sachent qu’ils ont beaucoup perdu.
Saadeddine Zmerli