Mohamed Sayed Miledi - La corona solitude: un mal pour un bien
Certes, le confinement est une expérience nouvelle, difficile, une expérience qui est mal digérée par la plupart d’entre nous car elle nous prive partiellement de l’un des piliers qui définit notre humanité : la liberté. Nos maisons se transforment alors en prison qui nous déracine de tout notre contexte relationnel et social et nous inflige une solitude obligatoire, floue et illimitée dans le temps.
Mais, la solitude peut constituer une opportunité, une chance, un catalyseur pour amorcer un changement de nos vies et de nos pensées.
La corona solitude: une occasion pour faire le grand ménage relationnel
Le confinement nous éloigne forcément de nos amis pour un temps indéfini, et il représente une épreuve dure pour tous nos liens spirituels avec autrui.
Seuls les liens solides mais surtout honnêtes survivront à cette épreuve, c’est un excellent filtre relationnel qui fait une sélection naturelle : elle ne gardera que ceux qui t’aiment pour tout ce que tu es et non pour tout ce que tu as.
Certes, on perdra en quantité, mais on gagnera en qualité en éliminant tous les parasites toxiques qui consomment notre énergie.
La corona solitude nous apprend la vraie notion d’indépendance
La solitude nous met à nu devant toutes nos peurs primitives, et elle nous oblige à les combattre seuls sans pouvoir nous faire aider par notre entourage.
La solitude ravage les illusions de la dépendance affective qu’on croyait parfois essentielle à notre survie, une dépendance que certains ont peut-être utilisé pour nous manipuler et nous rabaisser. Et puis le vide du confinement nous réveillera du cauchemar : au final, l’être humain est instinctivement indépendant et son bonheur commence lorsqu’il subvient seul à ses besoins émotionnels, l’autre viendra seulement pour le catalyser et l’accentuer.
Le confinement nous aide dans la découverte de soi-même
Le confinement crée forcément un grand vide interne qui engendre naturellement un espace dans nos esprits. Cet espace permet à notre imagination (initialement en léthargie) de s’exalter. Cela nous aide à découvrir de nouveaux hobbies et compétences qu’on a délaissé à cause des occupations quotidiennes.
L’imagination est un monde parallèle qui donnera un autre sens à nos vies. On savourera une nouvelle version de pensées fraiches et magiques. On apprendra à admirer notre beauté intérieure. D’ailleurs, beaucoup de grands penseurs de l’humanité ont vécu la solitude obligatoire qui les a incités à méditer et à réfléchir, les exemples ne manquent pas : Nelson Mandela (27 ans de prison, seul dans une cellule), Buddha…
Le confinement guide nos corps à retrouver nos âmes
Souvent, le stress quotidien nous empêche de savourer les petits plaisirs de la vie. On travaille comme des automates… On dort mal… On réfléchit trop… au point de perdre contact, contrôle et sensation de nos corps.
Le confinement est la meilleure occasion de reconnecter le corps à l’âme pour qu’ils fusionnent de nouveau afin de redéfinir un nouvel état de conscience sain et solide.
Cet état de conscience est indispensable pour accéder à notre jardin secret fréquemment délaissé sous la pression des contraintes quotidiennes. Prendre soin de ce jardin est obligatoire pour notre bien-être : ça nous permet de détoxifier nos esprits et de soigner des blessures dont on ignore l’existence mais qui nous font déjà mal.
Ça nous permet également de ranger les dossiers mal classés qui nous tourmentent l’esprit et de répondre à des questions existentielles qui nous ont chagrinées pendant longtemps.
Dans ce jardin secret, on retrouve aussi notre enfant intérieur qui est souvent abandonné, négligé et malmené. Le confinement est l’occasion d’apprendre à être un bon parent de cet enfant qui détient les clés de notre plaisir : prendre soin de lui est une étape primordiale pour se réconcilier avec soi-même et pour retrouver une paix intérieure tant attendue.
La corona solitude: est-ce le début d’un deuil de nos vies antérieures?
Cette épidémie est une vengeance de la nature qui va transformer le monde entier dans tous ses volets socio-économiques. Mais nos styles de vie vont muter aussi d’une façon draconienne : les choses vont changer à jamais dans un sens encore méconnu et incertain et c’est à nous d’orienter ce changement en repositionnant nos priorités.
On doit faire le deuil de toutes nos pensées figées, nos relations toxiques et nos mauvaises habitudes pour donner naissance à une meilleure version de soi-même : c’est la leçon qu’on doit tirer de la corona solitude.
Docteur Mohamed Sayed Miledi
Pharmacien biologiste et activiste de la société civile.