News - 24.04.2020

Ferid Ben Brahim: L’impact réel et sectoriel de la crise Covid 19 sur le PIB de la Tunisie

Ferid Ben Brahim: L’impact réel et sectoriel de la crise Covid 19 sur le PIB de la Tunisie

Une catastrophe exceptionnelle, due à un virus inconnu jusqu’ici, a malheureusement eu des conséquences dramatiques dans le Monde entier. Tous les pays mettent en place des mesures nécessaires de distanciation sociale et des mises en quarantaine pour endiguer la pandémie. Depuis, l’écroulement de l’activité économique enregistré ne ressemble à aucun évènement historique que nous avons connu de notre vivant.

Cette crise et ses répercussions dépendent totalement des caractéristiques du Covid 19 et de la mise au point des traitements et d’un vaccin, soit beaucoup d’incertitudes sur notre avenir commun.

La Tunisie fait aujourd'hui face à de multiples défis dont les interactions sont complexes: défi sanitaire, effondrement de nos marchés d’exportations habituels et défi historique quant à une de nos activités récurrentes, le Tourisme. Il existe une grande incertitude quant à la manière dont le paysage économique mondial aura évolué au sortir « définitif » de ce confinement c’est-à-dire à la fin 2020 au plutôt.

Dans l’hypothèse où cette pandémie s’atténuerait au cours du deuxième semestre de cette année, nous prévoyons une contraction de l’économie tunisienne de 6,2 % en 2020 (contre 4,3% pour le FMI).

Par secteur et en points de croissance

Contribution sectorielle à la croissance du PIB* 2020

 

AFC

FMI

Agriculture et pêche

-0,2

0,3

Industries manufacturières

-1,7

-0,9

Industries non manufacturières

-1,4

0

Activités des services marchands

-3,0

-3,6

Activités non marchandes

0,4

0,2

Croissance en %

-6,2%

-4,3%

*PIB aux prix constants de 2010

Nous avons réalisé nos estimations d’activité par secteur en tenant compte des dernières publications de la BCT, des indicateurs d’activité publiés par les sociétés cotées à la fin avril, ces sociétés étant souvent les leaders des différents secteurs sous revue. Nous avons également intégré les informations obtenues auprès des organisations professionnelles et des grandes entreprises quant à l’évolution agrégée de leurs ventes (produits pétroliers, matériaux,…).

Cette contraction se ressentirait au niveau des industries non manufacturières qui devraient enregistrer une baisse de 15,9% de leur activité en raison essentiellement de l’effondrement de 35% du secteur du Bâtiment et du Génie civil.

Les industries manufacturières qui seront impactées, diminueraient de plus de 10%, essentiellement suite à la baisse des industries textiles, habillement et cuir (-30% environ). La régression des industries mécaniques et électriques dépasserait les 8%. Ces industries fortement dépendantes de leur activité exportatrice pâtiront de la chute de la demande extérieure combinée à l’arrêt des transports internationaux.

Les activités des services marchands devraient baisser de 6,2% poussées par une chute quasiment certaine de 40% des services d'hôtellerie et de restauration (les seuls hôtels actuellement en activité le sont pour accueillir des compatriotes en confinement sanitaire) et de 20% des Transports. Le commerce quant à lui devrait voir son activité régresser d’environ 2%.

Notons également une contraction probable de 2,5% du secteur de l’Agriculture et pêche en raison d’un début de saison marqué par une sécheresse notable.

Si nous essayons d’illustrer la contribution des principaux secteurs à la décroissance du PIB en 2020, nous mettrons en exergue que les services d'hôtellerie et de restauration, les transports et le bâtiment et génie civil contribueront pour 85% à la contraction du PIB 2020 par rapport à celui de 2019.
A contrario, les secteurs des services d’administration publique, des services financiers et de l’extraction de pétrole et gaz impacteront positivement mais faiblement (moins de 10%) l’évolution du PIB.

Ferid Ben Brahim
Directeur Général de l’AFC