Derrière l'enlèvement de la petite Sarra se profile la question de la prise en charge de l'aide médicale à la procréation
Le dénouement heureux, 41 jours après, de l'enlèvement de la petite Sarra, enlevée dans un hôpital de Tunis où sa maman l’avait emmenée pour une vaccination, pose une série de questions. La plus importante est sans nul doute celle relative aux raisons (déraisons ?) qui ont poussé la kidnappeuse à commettre un acte aussi insensé et, inéluctablement, voué à l’échec.
Voilà une jeune femme de 26 ans qui découvre que son conjoint est atteint d’une maladie à l’origine de son infertilité. Sans trop réfléchir aux solutions appropriées, telles que la procréation médicale assistée ou l’adoption, elle décide par ignorance et mue par sa fixation à enlever un bébé à ses parents. Un acte inadmissible que nul ne saurait admettre.
Pourtant, nous vivons dans un pays qui autorise l’adoption des enfants, de façon parfaitement réglementée, pour sauvegarder l’intérêt suprême des enfants qui restent l’objectif premier de l’adoption. Celle-ci permet ainsi d'introduire un rayon soleil et de bonheur dans certains foyers qui, malheureusement et malgré les techniques médicales actuelles qui sont depuis deux décennies parfaitement maitrisées, n’arrivent pas à engendrer.
Nous connaissons tous les progrès significatifs que l’aide médicale à la procréation (AMP) a réalisés ces dernières années en Tunisie, faisant de notre pays une destination régionale très prisée. On y recourt en effet, non seulement des pays voisins, mais aussi de nombreux autres pays, tant les résultats et les coûts sont édifiants.
Certains essayent de trouver des excuses à cette jeune personne, entre autres la difficulté d’accéder aux services de l’aide médicale à la procréation (AMP), en raison du coût élevé de ces techniques. Or, l'accès à l’AMP est largement facilité en Tunisie par la prise en charge par la CNAM des frais des médicaments qui représentent plus de 50% des frais engagés ce qui est une aide importante. Sur prescription de son médecin traitant, qu’il soit conventionné ou non avec la CNAM, la patiente reçoit en effet directement un lot de médicaments approprié. Il ne reste plus au couple qu’à régler les frais de la clinique qui incluent la biologie, les analyses et les honoraires médicaux. ceux ci-, il est vrai, ne sont pas encore pris en charge.
Les pratiques de certaines cliniques font que cette partie est sujette à des variations parfois difficiles à comprendre: les centres qui appliquent rigoureusement la nomenclature et la tarification officielle des actes médicaux sont plus précis :
- Ponction + replacement ICSI : 1505 DT
- Ponction + replacement FIV : 1205 DT
- Replacement Embryon décongelé : 395 DT
- BTA : 810 DT
- IAC : 232 DT
Il va sans dire que ces indicateurs sont approximatifs et que les honoraires sont régis par la tarification des honoraires médicaux établis par le Conseil de l'Ordre : ils sont habituellement calculés sur la base de 7dt le Kc
Pour une plus grande prise en charge de la CNAM
Il est compréhensible qu’en l’état actuel des choses, la CNAM se limite à l’octroi direct des médicaments sans étendre sa couverture aux frais de clinique (biologie, anesthésie, etc.) et honoraires y afférents. Mais, elle gagnerait, cependant à mettre en place un dispositif conventionnel approprié à convenir avec les établissements et médecins qui le souhaitent, fixant un tableau précis des coûts et honoraires remboursables.
La prise en charge intégrée par la CNAM, même si elle devait être plafonnée, de cette pathologie qui est de plus en plus fréquente aurait un impact très important sur la psychologie du couple et même sur l'équilibre familial, professionnel et même social des personnes affectées. Celles-ci se retrouvent actuellement fragilisées et désarmées devant leur détresse.
La CNAM peut être un facteur de régulation protecteur pour ces couples la prise en charge des médicaments en vue d’une AMP est actuellement accordée au couple en fonction de son dossier, sans tenir compte du statut du médecin et du centre qui prennent en charge la procédure de l’AMP, alors que pour la prise en charge des autres pathologies médicales ou chirurgicales, elle exige que le médecin et la clinique soient tous les deux conventionnés avec elle: c'est-à-dire que les deux s’engagent à appliquer une tarification conventionnelle bien établie.
Il y va de l’intérêt de tous.
O.M