Boubaker Benkraiem :Protégeons nos sites économiques et nos entreprises stratégiques!
«Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre». N. Mandela
«La valeur d’un homme ne se mesure pas à son argent, son statut, ou ses possessions. La valeur d’un homme réside dans sa personnalité, sa sagesse, sa créativité, son courage, son indépendance et sa maturité». Mark .W.B.Brinton
Lettre ouverte à Monsieur le Président,
Les peuples, d’une manière générale, ne jugent pas leurs gouvernants et ne sont intéressés pas seulement intéressés par les résultats économiques obtenus, ni par le rayonnement diplomatique de leur pays, ni par les dénouements scolaires ou universitaires de leurs enfants, ni par les relations du pays avec tel ou tel bloc, ni par le plan de développement proposé, ni par le nombre de touristes qui ont visité leur pays, ni par la programmation des centres sanitaires à créer , ni par la révision des programmes de l’enseignement, mais surtout et essentiellement, s’agissant de nos concitoyens, par deux sujets qu’ils jugent fondamentaux sinon vitaux pour eux et pour leurs familles : il s’agit de la garantie de la pérennité de leur emploi et de la baisse du coût du couffin ou du panier de la ménagère. Pour tout le reste, ils font confiance à leur Président, Président élu, quand même, par plus de trois millions d’électeurs et ce n’est pas peu.
Monsieur le Président,
Que faire pour garantir les emplois actuellement tenus par les centaines de milliers de nos concitoyens et que faire pour attirer davantage d’investisseurs étrangers et rassurer les investisseurs tunisiens, et les réconforter sur ce qui se passe actuellement sur les sites de production, sur les stations de pompage et demain…… sur n’importe quel autre site ou entreprise ?
Ce qui se passe aujourd’hui et se répète depuis 2011, où le Pouvoir était encore dans ses premiers balbutiements mais dix ans après, en 2020, cela continue comme si nous n’avions ni Lois ni Règles. Nous avons des centaines de milliers de chômeurs et ce nombre risque, malheureusement, d’augmenter si on ne prend pas les mesures salutaires qui ont été, depuis longtemps, bel et bien, instituées par les Lois de la République. Comment faire pour donner de l’espoir aux dizaines de milliers de nos diplômés du supérieur qui attendent, pour de nombreux d’entre eux, depuis une décennie ?
Monsieur le Président,
Vous connaissez, certainement et beaucoup plus que moi ce que préconise la Loi dans pareils cas. Mais ne craignons-nous pas qu’en laissant faire et en laissant aller, nous encourageons, en quelque sorte, d’autres Chababs à faire autant, au risque de voir beaucoup d’hommes d’affaires, qui investissent, chez nous, pour gagner de l’argent mais qui, quand même, nous rendent un sacré service, celui de faire travailler nos jeunes, se décident à mettre les clefs sous le paillasson ? Dans cette hypothèse à laquelle beaucoup des sit-ineurs y ont certainement pensé, croient-ils qu’en agissant ainsi, ils vont améliorer les finances du pays ou, veulent-ils multiplier par cinq le nombre de chômeurs et mener le pays à la faillite?
Monsieur le Président,
J’appartiens à la génération de l’indépendance. J’adore mon pays, la Tunisie, pour moi le plus beau pays du monde qui m’a tant donné. Je ne souhaite pas voir s’évaporer tout ce que des générations ont réalisé, avec très peu de moyens et parfois dans des conditions et des situations beaucoup plus difficiles que celles que nous vivons aujourd’hui. N’est-ce pas une honte que notre pays, connu comme étant l’un des plus grands producteurs de phosphates du monde (classé 5° mondial),pense, imagine ou conçoit importer du phosphate pour alimenter nos usines et leur permettre de poursuivre leur fonctionnement normal et satisfaire les contrats conclus avec des clients étrangers !! N’est ce pas scandaleux pour notre pays, que de voir nos Usines de traitement(ICM), ces pourvoyeuses de devises, être condamnées à payer des dommages et intérêts à leurs clients, en cas de non-respect des contrats signés !!
Monsieur le Président,
Si nous voulons que notre pays reprenne confiance pour recouvrer la place qui était la sienne parmi les Nations en développement dont certaines qui étaient loin derrière nous, sont aujourd’hui, bien loin devant nous, les blocages de route, les entraves, les empêchements des travailleurs de rejoindre leurs lieux ou leurs postes de travail doivent être, sans délai, interdits, et tout siège ou blocus de lieu, de poste ou d’infrastructure doit être, immédiatement, levé, au besoin par la force légale. C’est une mesure courageuse qui doit être prise, d’urgence, et annoncée par vous-même à la radio et à la télévision en notre langue parlée, le tunisien, nos Lois et Règlements l’ont prévue et il suffit de les appliquer à la lettre.
C’est ainsi, et ainsi seulement, que les opérateurs économiques tunisiens et étrangers seront assurés et rassurés sur leurs affaires et peuvent, penser, sans aucune crainte, au développement de leurs activités et recruter davantage de personnels. Cela encouragera les opérateurs étrangers, hésitants ou en attente, à nous faire confiance, à s’engager davantage et investir.
Que nos concitoyens comprennent, une fois pour toutes, que l’Etat est le seul organisme autorisé, en cas de besoin, à faire usage de la violence, en faisant intervenir tous les moyens de la Force Publique pour protéger leurs vies et leurs biens, certes, mais aussi l’intérêt général.
Monsieur le Président,
Je pense que, compte tenu de tout ce qui se passe, au sein de l’une des grandes Institutions de l’Etat, personne d’autre que vous n’est plus indiqué pour prendre les mesures salutaires pour la stabilité, la sécurité, la sérénité et le développement de notre pays. Notre pays ne peut plus supporter pareille pagaille, semblable démagogie et surtout ce désolant spectacle que nous montrons, grâce à la magie de la télévision, au monde entier, ce tableau synonyme, si cela perdure encore, de catastrophe historique pour la Tunisie. Aussi, n’avons-nous pas, déjà, perdu trop de temps car, en fait, qu’avons-nous réalisé pour notre bon peuple depuis ce fameux 14 janvier, depuis presque dix ans ?
Tous nos concitoyens, quelle que soit leur sensibilité politique, doivent veiller à ce que la Tunisie, l’exemple, le modèle, le respectable et l’admirable il n’y a pas si longtemps, reprenne sa place pour ne pas devenir un pays failli.
Que Dieu veille et protège la Tunisie Eternelle, l’héritière de Kairouan et de Carthage.
Boubaker Benkraiem
Ancien Sous-chef d’Etat-major de l’Armée de Terre,
Ancien Gouverneur.