Meditour 2010, La méditerranée, première destination touristique du monde, se met au vert
Malaga - De l'envoyée spéciale de Leaders - Dans cet immense Centre des Congrès de Malaga à l’architecture futuriste, 600 participants venus des pays du pourtour méditerranéen se sont donné rendez-vous pour la 4ème édition de Meditour, le Forum Méditerranéen de l’industrie du tourisme, qui a jeté ses amarres cette année pour deux jours, les 23 et 24 Septembre en cours, en Andalousie dans la capitale même de la Costa d’El Sol, Malaga, cette ville qui a vu naître Picasso. Et de fait, le tourisme y a pris des airs de toile du célèbre peintre.
En effet, on y a discuté d’un tourisme aux facettes a priori contradictoires, développement de nouvelles offres touristiques, préservation de l’environnement naturel, coopération transnationale, contraintes budgétaires, etc. Mais comme un tableau de Picasso, toutes ces dimensions se sont progressivement imbriquées progressivement pour former au bout des deux journées de travail un tout cohérent.
52 millions de touristes visitent l' Espagne, chaque année
Lors de la séance d’inauguration, les responsables qui ont pris la parole ont tous mis l’accent sur l’importance du tourisme dans les pays de la zone méditerranéenne. En effet, sur le milliard de mouvements touristiques annuels, un tiers se déroule en Méditerranée, ce qui en fait la première destination touristique du monde. De même, un tiers des dollars dépensés dans le tourisme le sont dans les pays méditerranéens. Enfin, comme l’a rappelé M. Javier Blanco, président des membres affiliés de l’OMT, quatre des pays de la Mare Nostrum, à savoir la France, la Turquie, l’Espagne et l’Italie font partie des 10 premières destinations du monde.
L’Espagne compte à elle seule plus de 52 millions de touristes par an dont la moitié pour l’Andalousie, ce qui génère pour cette région 11% de son PIB et fait travailler 350.000 de ses employés pour le compte de 77.000 entreprises du secteur touristique, comme le souligne Mme Maria Moreno, Conseillère de la Présidence de la région d’Andalousie. Même les effets de la crise économique qui se sont faits fortement ressentir en 2009 se sont atténués et l’industrie touristique a repris le chemin de la croissance dès le début de cette année dans tous les pays de la zone méditerranéenne.
Malgré ce tableau idyllique, les intervenants ont attiré l’attention sur le caractère fragile de cette mer fermée qui dispose de ressources naturelles limitées et où le tourisme peut constituer une menace, notamment dans le domaine du transport qui est responsable de 75% des gaz à effet de serre émis par le secteur touristique (1307 tonnes par an au total ). D’où la nécessité de développer un tourisme durable, respectueux de cette nature qui lui a permis d’exister. Cette exigence environnementale n’est pas incompatible avec les intérêts économiques des entreprises et des villes concernées, elle en devient même un facteur de compétitivité, comme l’a souligné M. Jeronimo Perez Casero, Président de la Chambre de Commerce de Malaga, avec un touriste mondial qui change, devenant de plus en plus sensible aux questions de la biodiversité et de la préservation des espèces naturelles.
Une richesse culturelle et historique unique au monde
Tourisme et environnement peuvent et doivent donc devenir compatibles. Ce qui ne peut être envisagé sans une coopération transnationale et un partenariat public privé qui représentent les deux lignes de développement de modèles de tourisme propres, selon M. Antoni Bernabé, Directeur Général du Turespana.
L’idée est que, puisque les pays de la région sont liés par des millénaires d’histoire commune où la mobilité a toujours été de mise, il est possible de créer un label unique Méditerranée. Pour cela, il s’agit, entre autres, de se baser sur tous ces récits venus du fond de notre riche passé commun, tel celui de ce général carthaginois Amilcar Barca, qui, dans sa route vers Rome, fonde la ville de Barcelone ou cette reine qui, fuyant son frère des rives du Liban, s’en va bâtir une nouvelle cité, Carthage.
En outre, il est actuellement possible d’admirer les vestiges de la culture islamique en Andalousie et ceux de la Chrétienté à Istambul, une richesse culturelle et historique unique au monde qui, en étant davantage mise en valeur et intégrée au sein de produits touristiques supralocaux, peut enrichir les offres qui sont actuellement réalisées d’une manière isolée et locale, tout ceci en minimisant l’impact sur l’environnement naturel des pays visités.
C’est ainsi, comme le conclut M. Fernando Prat, coordinateur du programme de durabilité du programme du tourisme espagnol à l’horizon 2020, que nous écrirons ensemble les pages d’un nouveau cycle qui commence, celui d’un tourisme propre et unifié qui prend des éléments d’hier pour en faire le tourisme d’aujourd’hui dans le respect des territoires de demain.
Anissa Ben Hassine
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