Faut-il rentrer en Tunisie quand on occupe une belle position? De Wall Sreet, Kamel Bouraoui a fait son choix
La question taraude nombre des compétences tunisiennes établies à l’étranger où elles occupent de hautes charges. Etudes brillantes, positions élevées, rémunérations avantageuses et perspectives alléchantes. Mais, il y a aussi l’amour du pays (la nostalgie ?), la volonté de lui rendre un peu de ce qu’on y avait reçu et l’idée d’être plus utile, ici qu’ailleurs. Sans oublier la question de l’éducation des enfants, des risques identitaires, et des difficultés pour eux à maîtriser la langue arabe.
Quels sont les éléments clefs à prendre en considération avant de se décider à rentrer ou à s’installer encore plus longtemps à l’étranger ? Quelles sont les conditions idéales à s’assurer pour réussir le retour ? Et quels pièges éviter ? Pour enrichir ce débat, Leaders, publiera une série de portraits de Tunisiens qui ont sauté le pas, ou s’apprêtent à le faire. N’hésitez pas à y contribuer. Premier portrait, celui de Kamel Bouraoui, 29 ans dont 11 aux Etats-Unis, avec 5 ans chez Goldman Sachs à New-York.
Après avoir passé son baccalauréat à Tunis, Kamel est parti aux USA pour suivre ses études supérieures. Il a obtenu un Master en Computer Science puis un M.B.A. de Cornell University, une des huit « Ivy League Schools ». Il a intégré la célèbre Banque d’Investissement Goldman Sachs à New York, connue plus pour ses profits que pour ses technologies de pointe, et pourtant elle compte plus de technologistes que de banquiers dans son effectif !
Il a tout d’abord travaillé dans le département d’Equity Derivatives Technology où il a développé des systèmes de Financial Risk Management pour le fonds propriété de la firme. Ces systèmes informatiques distribués permettent de reporter les transactions mondiales et de contrôler les différentes métriques du fonds mondialement (NYC, London, Hong Kong, Tokyo) en temps réel.
En plus de cette expérience, Kamel a pratiqué du management en tant que team-lead dans son équipe pour la mise en place des systèmes informatiques d’un nouveau fonds offert aux clients de la banque. Ce nouveau fonds a été lancé avec 7 milliards de dollars.
Mais il a aussi travaillé dans le département de Capital Markets IT Audit où il a audité plusieurs équipes à travers la banque telles que celles en charge de l’Equities, FX, Payment, Credit Derivative, et Prime Brokerage. Il a été responsable de l'audit des contrôles mis en place par la banque pour prévenir le genre de déficiences qui ont causés la fraude à la Société Générale. Kamel et son équipe avaient rédigé la réponse que le comité d’audit a présentée à la SEC.
Malgré la pression quotidienne du travail chez Goldman, Kamel a réussi à obtenir des certifications CISA (Certified Information System Auditor) et CFA ( Chartered Financial Analyst). Muni de ce bagage, il a décidé de rentrer au pays pour y travailler et contribuer modestement à l'essor du système bancaire et financier en Tunisie.