Déblocage du Fonds Tunisien de l’Investissement : le legs précieux de Sélim Azzabi à Ali Kooli (Photos / Vidéo)
Selim Azzabi ne pouvait passer les clefs à son successeur, Ali Kooli (banquier, nominé ministre de l'Economie, des Finances et du soutien à l'Investissement) sans rattraper un grand retard accusé par ses prédécesseurs. Quatre années depuis son institution par la loi de l’Investissements (Loi n° 2016-71 du 30 septembre 2016), le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI) tardait encore à se mettre place. Le décret d’application, fixant la composition et les modalités d’organisation du conseil supérieur de l’investissement, de l’instance de l’investissement et du fonds, avait pourtant été pris, il y a trois ans, en 2017, du temps de Fadhel Abdelkéfi (Décret gouvernemental n° 2017-388 du 9 mars 2017). Et dire que l’investissement est sans cesse proclamé salutaire et que ce nouveau véhicule financier est aussi utile qu’urgent. Mais, on connaît le système : toujours en mode hâtons-nous lentement... Il fallait débloquer le chantier et faire émerger le troisième pilier, essentiel, qu’est le Fonds.
En pyramide
Le FTI s’intègre en effet dans la nouvelle gouvernance de l’Investissement, échafaudée autour d’un conseil supérieur et d’une instance opérationnelle, comme le soulignera Sélim Azzabi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale (MDCI). A partir de ressources provenant du budget de l’Etat ainsi que de prêts et de dons obtenus de l’intérieur et de l’extérieur, qu’il gère conformément aux orientations fixées, il assure le déblocage de primes et la souscription dans les fonds communs de placement à risque, les fonds de capital-risque et les fonds d’amorçage d’une manière directe ou indirecte.
La gestion du fonds est assurée par un directeur général qui exerce ses fonctions sous l’autorité du comité de surveillance, présidé par le ministre chargé de l’Investissement.
Un tour de table décisionnaire
A présent c’est chose faite. Un directeur général, Mohamed Ourtatani, est nommé (jusque-là DGA à l’APIE) et le comité de Surveillance s’est finalement réuni en assemblée constitutive, vendredi. Sous la présidence du ministre Azzabi, étaient réunis les représentants de haut niveau (rang de directeur général) des différentes parties concernées : ministères des Finances, de l’Industrie, de l’Agriculture, Banque centrale, ATI, et CDC. Les banques et la communauté d’affaires y sont représentées par les présidents de l’APBTEF et de l'association tunisienne des investisseurs en capital, ainsi que de trois représentants indépendants ayant une expertise dans les domaines économiques et financiers.
Comme toujours, hélas, le marketing et la communication sont exclus autour de la table, comme si ces leviers sont inopérants en la matière...
Sélim Azzabi le relèvera au passage, fondant espoir que la nouvelle gouvernance de l’investissement saura bénéficier utilement de leur concours efficace.
En testament
Plus qu’une cérémonie protocolaire, orientée médiatisation, et de plus rapidement expédiée par un ministre s’apprêtant à passer le relai, cette première réunion du Comité de Surveillance vaudra fondation d’une plateforme. Conçu en fonds de fonds, devant interagir avec d’autres partenaires, le FTI doit garder le cap sur des performances précises : investissements réalisés (et non approuvés), emplois créés, dynamique imprimée. Le fonds doit être comptable de l’argent du contribuable et des deniers de l’Etat. L’objectif est stratégique et le retour sur investissement, érigé en contrat de performance.
Le ministre Azzabi ne le soulignera jamais assez... en testament. Confiant quant à la détermination des membres du comité de Surveillance et la qualité de l’équipe exécutive qui se déploie progressivement, conforté par l’excellent choix du futur ministre, Ali Kooli, un investisseur dans l’âme ... qui sait générer des dividendes.
Fatma Hentati