Taille des entreprises tunisiennes et internationalisation : les freins anthropologiques selon Hakim Karoui
L’évocation de la fusion de la STB et de la BH invite à réfléchir sur la taille actuelle des banques tunisiennes et l’impératif de leur restructuration. Dans son analyse, présentée mardi lors du séminaire organisé par Ineum Consulting, Hakim Karoui, directeur chez Rothschild & Cie Banque, présente des comparaisons utiles avec les banques marocaines, égyptiennes et, ce qu’on fait rarement, jordaniennes. La Jordanie étant, par sa taille et son économie, proche de la Tunisie. Le résultat est net : les banques tunisiennes alignent des dimensions très réduites qui les pénalisent.
Poursuivant son analyse sur huit grands groupes privés tunisiens, Hakim souligne leur caractère familial, concentrés sur quasiment les mêmes secteurs (agroalimentaire, industrie, services, etc.) et adossés à un large émiettement de petites entreprises, générant des marges confortables. La propriété est familiale, l’investissement est clos et la vie sociale se focalise, elle aussi sur la famille, avec souvent des mariages au sein de la famille. On y puise certainement confort, sécurité et bonne marge. Pourquoi aller plus loin et chercher une internationalisation risquée ? Cet obstacle anthropologique freine sérieusement l’élan des groupes tunisiens.
Abordant les fusions, Hakim Karoui cite nombre de réussites dans la région, notamment celles réalisées au Maroc, se traduisant par une véritable expansion sur le continent africain et même en Europe. Juste quelques heures avant l’intervention de Hakim, le Groupe Attijari Bank (fruit de la fusion avec Wafa Bank) a révélé ses derniers chiffres : un déploiement sur 22 pays, avec 1874 agences et 4.3 millions de clients, 1874 agences et 12.817 salariés. Le résultat net au 30 juin 2010 est en hausse de 16%, atteignant 2,3 milliards DH.
Interrogé, pour sa part, sur l’enjeu effectif de la fusion STB-BH, Charles Milhaud qui, à la tête du Groupe Caisse d’Epargne avait conduit nombre d’opérations similaires, s’est félicité de l’initiative tunisienne. « Elle vient à point nommé, a-t-il souligné. Elle doit se donner comme objectif, le challenge d’une grande ambition, celle de changer de dimension, en capitalisant sur les expériences et fusionnant un nouvel esprit de corps.»
Comment conduire cette restructuration et la réussir, le séminaire d’Ineum Consulting a permis de prendre connaissance du projet Moubadara promu par la BFPME et de passer en revue différentes expériences internationales. Tour à tour, Khalil Ammar (BFPME), Karim Hajjaji (Société Générale GIMS) et Chiheb Mahjoub, se sont joints à Charles Milhaud et Hakim Karoui pour partager leurs expériences et répondre aux questions d’une assistance fournie et attentive.