Mokhtar el khlifi: Dépassons ensemble la crise politique
Tout le monde sait que notre pays a mal partout et qu’il va falloir lui venir en aide de toute urgence, chacun en mettant un peu du sien.
Nos dirigeants et nos politiciens le disent aussi, mais rien, ou presque rien, de concret ne se fait et nous sommes en train de perdre un temps fou et allons droit à notre perte.
Certains même, au lieu de dépasser leurs égos, voire leur misogynie, s’attèlent à constituer un parti politique de plus, au lieu d’œuvrer pour des regroupements devenus plus que nécessaires.
Ne perdons pas de vue aussi les combinaisons qui sont en train de se faire au parlement à des fins obscures ou au moins d’exclusion de l’autre.
Avant que le navire, apparemment sans véritable capitaine ni boussole , ne chavire, emportant tout à son bord, il va falloir, se réduire enfin, à exercer, pacifiquement, j’entends, une pression sur ceux qui sont aux commandes, pour qu’ils redressent la barre.
Notre Président a osé, pour des raisons obscures, humilier publiquement son chef de Gouvernement. Un pavé supplémentaire dans la mare. C’était pénible à voir.
Sous d’autres cieux et en d’autres circonstances, ce chef de Gouvernement aurait immédiatement démissionné, mais je crois que le sens de la responsabilité l’a emporté, car les conséquences de cette démission aurait aggravé la situation du pays et l’aurait mis bien au milieu de la tempête.
C’est pourquoi, il y aurait lieu, à mon sens, de soutenir ce Chef de Gouvernement, nonobstant les reproches qu’on pourrait faire à la composition de son équipe et lui donner tout le temps pour régler les problèmes urgents puis engager les grandes réformes tant attendues.
Oui, le pays a besoin de stabilité et de l’union de tous les efforts.
Ce soutien qui lui manque cruellement, doit émaner, surtout de la rue, je veux dire de la société civile qui est restée jusqu’ici passive en laissant la situation se dégrader sans réagir.
De grands noms ont publié, ces jours-ci, leurs opinions sur la crise entre le Président et le Chef de Gouvernement.
D’autres comme de coutume ont préféré se taire ou attendre le bon moment.
Je crois que le moment est venu pour que notre élite avec tout ce que cela comporte de patriotes sincères, quelle que soit leurs orientations politiques et idéologiques, se mettent à la tête d’une manifestation grandiose d’appui à ce Gouvernement et de cohésion de l’ensemble de l’exécutif.
Mais Il sera notamment demandé de :
• Mettre rapidement sur pied une commission composée d’experts en économie et en finances et de professionnels, à l’effet d’aider le Gouvernement à tracer la politique économique, financière et fiscale à suivre et le timing à respecter,
• Confier à un groupe de nos constitutionnalistes, le soin de préparer un projet de loi visant à « réviser la loi électorale …de manière à assurer une représentation claire et cohérente des électeurs, à la place de cette mosaïque de partis avec leurs coalitions réversibles, inconstantes et finalement impuissantes et inefficaces . »
• Aménager la constitution pour prévenir les conflits entre le Président de la République et le Chef de Gouvernement. Selon Mr Yadh Ben Achour «… Ayant en vue un régime parlementaire, la constituante a mis sur pied un régime hybride et complexe qui se rapproche du régime d’assemblée, entre tous le plus dangereux…… Nous avons agi comme si nous avions une riche expérience parlementaire, avec des partis disciplinés, des acteurs formés à la culture des institutions, un Etat riche, stable et disposant d’une autorité régalienne suffisante….il faudrait, par une révision du chapitre 4 de la Constitution, tout d’abord rétablir l’unité de l’exécutif, soit au profit du président de la République, soit au profit du chef du gouvernement… Il faudrait ensuite revoir la relation entre l’exécutif et le parlement… Dans ce cas, nous aurions le choix entre une séparation plus ou moins accentuée entre le parlement et l’exécutif, ce qui nous ramènerait à la logique du régime présidentiel, et un modèle de collaboration ou d’associations entre les deux pouvoirs, ce qui nous ramènerait à la logique du régime parlementaire ...... »
• Proposer un projet de loi relative à la poursuite de la « justice transitionnelle » mal enclenchée er arrêtée en cours de route, pour liquider les dossiers en suspens et dont les travaux devront déboucher sur une véritable réconciliation nationale.
Le recours à la pression de la rue est, je crois, la seule voie pacifique pour amener nos dirigeants et nos politiciens à s’apercevoir qu’ils n’ont pas un troupeau de moutons, mais des têtes pensantes dont la patience est à bout et qui les poussent à s’occuper bien sérieusement des multiples et véritables problèmes qui se posent, avec acuité, au pays.
Il demeure entendu que cette manifestation pacifique devra être bien encadrée pour éviter tout débordement et les actions des pêcheurs en eau trouble.
Il faut se rendre à l’évidence que les articles de presse, les débats télévisés et les commentaires sur FB ne sont pas lus ou entendus depuis dix ans et ne sont donc pas pris en considération tant et si bien que les améliorations auxquelles le pays est en droit de s’attendre ne sont pas réalisées ou restent dans les tiroirs.
Après dix années de déficit de gouvernance le peuple en a vraiment ras le bol et son élite se doit de se manifester pacifiquement.
Mokhtar el khlifi