Mohamed Derbel - Réformes & Relance économique sur fond de tensions : A quand un Conseil économique & social ?
Par Mohamed Derbel - Submergés par les textes à caractère fiscal, inondés par leurs nouvelles obligations, perdus dans leurs applications mouvantes et instables, craintifs de leurs interprétations abusives, accablés par les coûts d’une conformité inespérée… !
Un malaise général règne dans la sphère entrepreneuriale, des frustrations sectorielles dénigrées, des sollicitations d’aide qui raisonnent comme des cris dans le désert, des entreprises qui tombent comme des dominos… et ça ne date pas d’aujourd’hui !
La prétention du changement positif nous tue sans nous rendre compte, les solutions les plus évidentes à nos problèmes économiques sont des tabous, se mettre à l’évidence n’est pas à l’ordre du jour.
L’action d’améliorer est noble ! qui pourrait le nier ? mais la dérogeance lui fait perdre l’escompté et transforme les attentes positives en problèmes aggravants.
La grande réforme fiscale proposée, discutée, débattue, visitée et revisitée restera l’espérance tant voulue qui ne pourrait être engagée comme un projet autonome à l’instar de la loi d’investissement souffrante… elle est par contre une source d’inspirationpour des mesurettes qui nous sont injectées au moins une fois par ansous différents titres accrocheurs: «Amélioration du climat des affaires, lutte contre la fraude, amélioration de la compétitivité des entreprises, lutte contre l’économie informelle….» et bien d’autres titres qui raisonnent comme des slogans déformés dans une manifestation bruyante.
Devrions-nous dire «STOP» à cette vague qui nous étouffe par sa houle ou devrions-nous surfer sur la vague au risque d’échouer là où elle nous emmènera?
Devrions-nous considérer les crises successives que nous vivions depuis plusieurs mois, comme une opportunité pour repenser notre approche de relance économique ou bien continuer à agir en pompier sur des fronts où le feu des intérêts antagonistes ne s’éteindra jamais ?
Devrions-nous accepter notre réalité économique comme un fait intraitable pour causes politiques et contraintes sociales ou bien accepter cette réalité économique avec un courage guerrier pour un changement intelligent et progressif?
L’absence d’un espace national de dialogues intellectuels responsables, face à l’abondance des compétences publiques et privées et les flux tendus d’idées novatrices est révoltant.
Un excellent travail est entrain d’être mené par la commission des finances au risque de sa déformation par des ajouts déplacés en séance plénière, ou par des suppressions décevantesen réponse à des tractations partisanes et un populisme aveugle.
Les solutions économiques, dans notre contexte politique actuel, seront difficilement trouvées si nous ne confions pas cette lourde tâche à un organisme national neutre où seuls les intérêts nationaux priment et où les partis ne seront qu’une force de proposition indépendamment de leurs poids parlementaires.
Ambitions, visions, stratégies et programmes sont les règles de tout changement et nous ne pourrons y déroger.
Une approche constitutionnelle retenue depuis 1959 par l’article 58 de laconstitution du 1er juin 1959 mais abandonnée sans alternative par sa successeuse de 2014.
Repensons le «Où» et le «Comment» de notre approche de traitement des questions économiques, fiscales, financières et sociales et étudions si la mise en place d’un conseil national économique & social sous une version V2.0 pourrait être le point d’inflexion d’une vraie relance économique à catalyseurs multiples.
Mohamed Derbel
Expert-Comptable-Partner- BDO Tunisie