News - 06.10.2020

Mechichi reprend la main : Walid Zidi, limogé, Habib Ammar, ministre de la Culture par intérim

Mechichi reprend la main : Walid Zidi, limogé, Habib Ammar, ministre de la Culture par intérim

La décision n’a pas tardé à tomber. Face à sa désinvolture, Walid Zidi a été relevé, tard dans la soirée, de ses fonctions de ministre de la Culture. Dans l’urgence de la situation et avant de se fixer définitivement sur le choix de celui qui lui succèdera, le chef du gouvernement a chargé le ministre du Tourisme, Habib Ammar, d’assurer l’intérim. Quelle que soit la mansuétude qu’on pourrait éprouver à son égard, et loin de la pression des réseaux sociaux, le cas de Zidi est indéfendable.

Habib Ammar est un bon choix. Il pourrait d’ailleurs cumuler, avec réelle compétence, les deux départements si proches, en fait. La Culture, comme le Tourisme, y gagneront en synergie.

Jusque-là conciliant et armé de patience, Hichem Mechichi, s’est trouvé acculé par les déclarations ubuesques lundi-matin du jeune ministre de la Culture, iconoclaste et peu rompu aux règles de fonctionnement du gouvernement, à le limoger séance tenante. Le message est ferme : on ne badine pas avec les affaires de l’État. Discipline et solidarité gouvernementales ne sauraient souffrir le moindre manquement, entend affirmer Mechichi.

La règle vaudra pour tous

Au-delà de Walid Zidi, la décision du chef du gouvernement vaut rappel à l’ordre pour tous les autres ministres et secrétaires d’État qui seraient tentés de chercher d’autres obédiences ou de s’écarter de la voie tracée par le chef du gouvernement. « Si les délibérations en conseils de ministres et restreints sont libres et francs, la mise en œuvre des décisions prises est de rigueur, rappelle un proche de la Kasbah. Déjà, par petites touches successives, poursuit-il, Hichem Mechichi en a donné les premiers signes en invitant fermement ses co-équipiers à respecter la procédure républicaine (et constitutionnelles) dans les relations avec la présidence de la République. »

Un seul chef

« Respect et diligence en réponse à toute sollicitation, ajoute notre source, mais coordination avec la Kasbah et compte-rendu. Nommés par le chef du gouvernement, même lorsqu’il s’agit de concertation (et non de concordance) avec le président de la République, pour ce qui est des titulaires de la Défense nationale et des Affaires étrangères, les ministres et secrétaires d’État ne relèvent que de son autorité, exclusive.
Mechichi entend en effet exercer pleinement ses prérogatives sur l’ensemble des attributions de sa compétence. Si la Constitution de 2014, érige le président de la République en chef suprême des armées et lui accorde l’exclusivité de tracer la politique étrangère, elle ne lui octroie aucun domaine réservé. L’exécutif co-exercé par le président de la République et le chef du gouvernement accorde à celui-ci (art. 93 -95) des pouvoirs précisément mentionnés dont il est responsable devant l’Assemblée des représentants du peuple. »

Éviter la moindre friction

« Accaparé par les très grandes urgences que représentent la situation sanitaire et ses suites ainsi que la loi de finance complémentaire pour 2020 et la loi de finance pour 2021, Mechichi concentre toute son attention sur ces priorités absolues, poursuit-elle. Malgré certaines piques reçues de Carthage, alors que le chef de l’État se montre, hors des caméras, beaucoup plus courtois et d’un total appui, le locataire de la Kasbah fait montre d’esprit de conciliation et de franche collaboration respectueuse avec la présidence de la République. Pas la moindre friction, quelle qu’en soit l’origine, ne saurait gripper les rouages de l’État, ne cesse-t-il de répéter à ses équipes. »

« Le départ de Walid Zidi, dont personne ne saurait défendre l’attitude condamnable, ne saurait être interprété comme le délestage d’un protégé de Carthage. C’est de l’État et de son autorité qu’il s’agit » commente un connaisseur du sérail.

Il fallait trancher dès le début

Hichem Mechichi met fin, en fait, à un triste feuilleton qui a commencé le 24 août dernier peu avant l’annonce de la composition du gouvernement. Dans un statut posté sur sa page Facebook, et confirmé à la radio Walid Zidi avait annoncé décliner sa nomination. Interrogé, le chef du gouvernement a affirmé qu’il procèdera à son remplacement. Zidi, se reprendra.

Carthage insistera pour son maintien, le chef de l’État le recevant en personne, l’après-midi même, louant publiquement ses qualités. Pour éviter tout couac avec Kais Saïed, Hichem Mechichi reviendra sur sa décision et réintègrera Zidi dans son gouvernement. Un mois seulement après son entrée en fonction, le limogeage est devenu inévitable. Ne fallait-il pas, d’emblée, l’écarter et désigner à la Culture, une personnalité rompue aux contraintes et enjeu de ce grand département ?

T.H