Drame de Sbeïtla – Mechichi énonce le principe : responsables, limogés de suite
Il y a eu mort d’homme. Cela nous pouvait rester impuni : limogeages et suspensions en série ! Désamorcer une vive tension risquant de dégénérer était aussi nécessaire qu’urgent. Verrouillant rapidement derrière lui toute surenchère pouvant tenter certains, Hichem Mechichi a en effet promptement sévi suite au drame survenu mardi à l’aube à Sbeïtla, coûtant la vie un père de famille. Agent municipal, pris dans son sommeil alors qu’il gardait de l’intérieur un kiosque en cours d’implantation sans autorisation, et appartenant à l’un de ses fils, chômeur, la victime a été fauchée par un engin commis pour la démolition de la construction inachevée. L’accident mortel a immédiatement suscité émotion et indignation qui ont dépassé le cadre de la ville.
Sans tarder, le chef du gouvernement a décidé, après avoir obtenu des détails précis sur les responsabilités engagées, de limoger le gouverneur de la région ainsi que le délégué de la localité, et de suspendre le chef de la Police, et celui de la Police municipale. Selon les premiers éléments obtenus, la décision de démolition avait bien été prise par la Municipalité de Sbeïtla. Mais son exécution, exigeant le recours s’il y a lieu à la force publique, a été engagée par le gouverneur de Kasserine. Il y a commis une équipe dépêchée du chef-lieu de la région, la dotant d’engins appartenant au parc du Conseil régional. D’après le Maire de Sbeïtla, qui avait fait la ronde de sa commune jusqu’à minuit avec le délégué, et craignant des débordements et tensions, il avait vivement recommandé au gouverneur de surseoir à l’exécution de cette démolition ainsi que d’autres. En vain.
Pour Hichem Mechichi, la responsabilité politique du drame est imputée à l’autorité régionale et locale, ainsi qu’aux chefs de la Police et de la Police municipale. Limogeages et suspensions ont été décidés, et les ministres de l’Intérieur et desAffaires locales dépêchés sur place exprimer à la famille du défunt les condoléances du gouvernement et lui témoigner de sa sollicitude.
Cette fermeté qui contribue à apaiser la tension traduit surtout une ligne de conduite que le chef du gouvernement entend désormais fixer. S’affirmant à la barre, il entend mettre tous face à leurs responsabilités. Sans cependant répondre à une série d’interrogations. Quelles règles appliquer pour mettre fin à l’occupation abusive de la voie publique et de son emprise, ainsi que du domaine public et maritime ? Et, d’une manière plus large, comment faire appliquer les décisions de démolition de constructions anarchiques ? Il est vrai, qu’en temps de stabilité, hors tensions sociales, la loi doit l’emporter. Mais, en raison du contexte particulièrement tendu, comme en ce moment, quelles souplesses s’imposer ? Des dizaines de milliers de cas, partout en Tunisie, sont concernés.
Le drame de Sbeïtla nous interpelle tous par la précarité, le chômage, et le désespoir qu’il met à nu. Mais, aussi, les souffrances endurées par les familles sans revenus et les jeunes sans emploi.