Rachid Mechmèche: La cardiologie et la faculté de Médecine redevables au Pr Mohamed Gueddiche
Par Rachid Mechmèche - Si Mohamed Gueddiche, qui vient de nous quitter, était mon aîné de 6 ans. Il était en classe de baccalauréat au lycée Alaoui, alors que j’étais en première année secondaire.
Plusieurs années plus tard, en 1974, nous nous sommes retrouvés au staff du pavillon 13 de l’hôpital de La Rabta dirigé par mon maître, le professeur Mohamed Ben Ismaïl. C’est là que j’ai connu Si Mohamed Gueddiche, alors chef de service de l’Hôpital militaire à Ras Tabia, et que nous avons noué une solide amitié. Entrecoupée par un séjour en France pour parfaire ma formation.
A mon retour, j’ai retrouvé Si Mohamed Gueddiche. Notre amitié s’est raffermie d’autant plus que nos épouses étaient camarades de classe et se connaissaient depuis longtemps. Il avait à cœur de promouvoir la médecine tunisienne et notamment notre spécialité, la cardiologie. C’est ainsi qu’il avait créé en 1993 (alors qu’il était président de la Société tunisienne de cardiologie), avec le docteur Mohamed Ghannem, l’Association franco-tunisienne de cardiologie qui a permis à notre spécialité de faire un véritable saut qualitatif. Suivront ensuite la création du Conseil médical de l’aéronautique civile puis la Société tunisienne de médecine aéronautique.
Derrière tout ce maillage de ces associations et tant d’autres, il y avait un inspirateur, un initiateur, un facilitateur: le professeur Mohamed Gueddiche. Il avait permis entre autres à la cardiologie tunisienne de se mettre au diapason des cardiologies les plus avancées.
A ce tableau reluisant s’est ajoutée la construction du nouveau siège de la faculté de Médecine de Tunis, fleuron des facultés tunisiennes, inaugurée en octobre 2002.
Ce qu’on sait, c’est que cette construction a été financée par l’Etat du Qatar. Ce qu’on ignore, c’est que l’intervention de Si Mohamed pour démêler l’écheveau de différents problèmes a été prépondérante. Nous lui devons aussi la construction en 2005 de l’amphithéâtre cérémonial de la Faculté érigée quelques années plus tard.
On pourrait m’objecter que le défunt avait usé de ses relations et de sa proximité du pouvoir pour y arriver. Certes, mais c’était toujours pour la bonne cause, et j’en suis témoin. Et il n’en avait tiré aucun profit personnel. Sans lui, il n’y aurait pas eu autant de développement de toutes les spécialités médicales.
Pour ce qui est de la cardiologie et de la chirurgie cardiovasculaire, elles lui sont largement redevables du niveau où elles se trouvent aujourd’hui.
Avec sa disparition, je perds un grand frère et très grand ami. J’appréciais sa modestie, son sérieux, sa bonté, sa simplicité, sa jovialité, son humour décalé et son professionnalisme.
Le professeur Mohamed Gueddiche, un très grand médecin qui a bien mérité la reconnaissance de toute la famille médicale et un grand patriote.
Si Mohamed, vous nous avez quittés il y a quelques semaines et déjà vous nous manquez..
Rabbi Yarhmek
Rachid Mechmèche
Ancien Doyen de la faculté
de Médecine de Tunis,
cardiologue
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