Un confinement national des personnes fragiles: notre dernière chance pour éviter le pire
Par Kaissar Sassi - Nos craintes se confirment de jour en jour. Oui, Le gouvernement Mechichi n’est pas encore conscient de la gravité de la situation épidémique en Tunisie. Les décisions gouvernementales récentes confirment nos inquiétudes.
Je comprends bien le fait d’écarter toute éventualité d’un re-confinement global. Notre économie souffrante en succombera inévitablement. Le 29 octobre, Hichem Mechichi en concertation avec nos experts, a instauré des nouvelles mesures pour enrayer l’explosion épidémique. Mais ces dernières sont trop insuffisantes et loin d’être drastiques. Ces mesures ont été testées dans des nombreux pays du monde. Elles ont été vouéesà un échec indéniable.
A quoi servira la fermeture des cafés à 16 heures après 11 heures d’ouverture ? A quoi servira l’interdiction de s’attabler à plus de quatre, alors que la majorité des jeux de carte se joue à quatre ? Ces décisions vont tout simplement concentrer le quotidien du citoyen en une seule partie de sa journée.
Comment éviter et la crise économique et la crise sanitaire
Pour stopper l’explosion épidémique, une seule méthode a prouvé scientifiquement son efficacité : le confinement global de la population. Mais les répercussions de ce dernier sont fatales sur l’économie.
L’idéal est de trouver une formule magique pour le décrétertout en épargnant l’économie d’une faillite inévitable.
Donc notre mission principale devrait consister à trouver cette solution miracle. Une solution qui nous permettra de nous positionner au juste milieu entre la crise sanitaire et la crise économique.
Actuellement, tous les indicateurs épidémiologiques indiquent qu’une catastrophe sanitaire est imminente en Tunisie. Il faut être délirant pour nier ça. À l’heure actuelle, 221 patients sont hospitalisés dans les réanimations. Parmi eux, 101 patients sont sous machine de ventilation mécanique.
Avec le recul scientifique actuel, nous pouvons prévoir une aggravation clinique au moins de 20 % des patients qui ne sont pas encore mis sous ventilation mécanique. Ces 20 % nécessiteront des respirateurs les jours à venir.
Ajoutons à cela les dizaines d’admissions quotidiennes de base. En se référant à notre courbe épidémique, nous constatons facilement le caractère constant de cette moyenne d’admission dans les deux semaines à venir.
Selon toutes les estimations actuelles, nos capacités d’accueil en réanimation ne peuvent pas dépasser une limite de ventilation conjointe de 700 patients. Si le gouvernement ne réagit pas immédiatement par des mesures à efficacité garantie, cette limite sera dépassée la quatrième semaine de novembre. Il sera impossible de trouver un lit de réanimation dans les quatre coins du pays.
Les urgences s’engorgeront et nous aurons une marée humaine des patients en attente de respirateur et de lits de réanimation. L’impact inévitable de ce cercle vicieux sera une augmentation de la mortalité globale en Tunisie. Néanmoins, il nous reste unedernière chance à saisir pour éviter et la catastrophe sanitaire et la catastrophe économique.
Le confinement total des personnes fragiles
Je propose aux autorités et au peuple tunisien de considérer sérieusement cette première mondiale :
Un confinement national des personnes fragiles.
Les personnes fragiles ont des facteurs de risque bien spécifiques. Ils sont plus susceptibles au développement des formes sévères liées à l’atteinte par le Covid.
A titre d’exemple, je cite les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes atteintes des maladies respiratoires graves chroniques.
Certains des lecteurs peuvent qualifier cette initiative de discrimination. C’est absolument légitime.
Personnellement, je la qualifie de solidarité anticipative, participative et responsable.
Pour ne pas être anticonstitutionnelle, ce plan d’action doit naitre de la volonté du peuple pour protéger nos concitoyens les plus fragiles.
Une telle action de grande envergure doit être chapotée par le gouvernement et avoir l’approbation de l’assemblé des représentants du peuple.
Les étapes de mise en place
Il va falloir définir les personnes à risque selon les données de la littérature scientifique. Par la suite, il faudra sensibiliser la population par une forte médiatisation. Les personnes éligibles à la définition se déclareront aux autorités par simple appel téléphonique ou sur internet.
L’Etat se portera garant, en l’absence de proches, à subvenir aux besoins de ces personnes. Entre temps, les personnes non concernées par ce confinement assureront la continuité de notre économique et subviendront aux besoins des personnes confinées tout en respectant avec rigueur les gestes barrières.
D’une part, ce dispositif permettra l’installation d’une immunité collective dans l’attente d’un vaccin et d’autre part il permettra la protection des personnes fragiles en les éloignant des boucles de la propagation virale.
Ce plan d’action associé au respect des gestes barrières de base amortira la courbe de l’incidence des cas graves. Le résultat sera une baisse de la tension subie actuellement par les réanimations dans les trois semaines à venir.
Il s’agit de l’objectif principal de la gestion mondiale de l’épidémie: Ne pas dépasser la limite de saturation des hôpitaux.
Kaissar Sassi