Mechichi en exercice de thérapie contre la morosité et pour redonner confiance
S’il a changé de décor, optant cette fois-ci pour la Maison du Baron d’Erlanger à Sidi Bou Saïd (cherchez la symbolique), Mechichi n’a pas changé de propos. Il a juste affiné son discours et affirmé son attachement à la vérité des comptes de la nation, en toute sincérité et transparence, et à la confiance. Confiance avec la Banque centrale de Tunisie, confiance aussi avec les bailleurs de fonds, dans un souci de partenariat parfait. Une sérénité qu’il affiche en anti-dépression, lors de cette première conférence qu’il donne depuis son accession il y a deux mois jours pour jour à la Kasbah. Point de révélations, ni de nouvelles mesures, mais un exercice de thérapie contre la morosité et pour redonner espoir. Est-ce suffisant pour faire éteindre les clignotants rouge vif, et redresser les tendances d’une gestion erratique héritée ?
En introduction, le chef du gouvernement a rappelé qu’il est grand temps que cessent les débrayages et les arrêts de production. « Yezzi », répètera-t-il. Qu’il s’agisse du pétrole à El Kamour ou des phosphates. Il dira que les discussions sont poussées. Puis en réponse à une question, que le recours à l’application ferme de la loi n’est exclu.
Sur son ton calme et courtois, distribuant la parole aux journalistes entre « Oustadh » et « Oustadha », il a essayé de détendre l’atmosphère générale sans pour autant occulter l’ampleur de la crise économique et financière. Verbatim.
Faillite : "Il est irresponsable de parler de faillite de l’Etat. La conjoncture est difficile, mais la Tunisie ne faillera pas à ses engagements vis-à-vis de ses bailleurs de fonds. A pandémie inédite, crise inédite.
Bailleurs de fonds : Nous avons choisi de pratiquer la vérité des comptes ce qui nous donne de la crédibilité vis-à-vis de nos partenaires. L’annonce des garrots que nous mettons en place pour mettre fin à l’hémorragie des finances publiques a amorcé un regain de confiance. Nous sommes persuadés que les bailleurs de fonds considéreront positivement nos demandes.
Banque centrale : Je comprends parfaitement la position de la Banque centrale soucieuse de la compression de l’inflation et de la stabilisation du dinar. Nous nous concertons en continu. Il ne faut pas qu’un point supplémentaire d’inflation nous détourne de l’impératif absolu d’acheter des médicaments ou des céréales. Nos discussions sont positives et nous cherchons ensemble des solutions innovantes. Je suis convaincu que nous y aboutirons.
FMI : Nos contacts sont ininterrompus et nous comptons sur l’accompagnement du Fonds.
Achats publics : A situation d’urgence, mesures d’urgence. La bureaucratie et le poids de lourdes procédures ne doivent pas nous empêcher d’acquérir des équipements et produits vitaux. Les Tunisiens ont raison de croire que les ressources du Fonds 1818 n’ont pas été jusque-là utilisées, tant qu’ils n’ont pas vu de nouvelles ambulances, de nouveaux lits et respirateurs entrés en services."
Clap fin. Pas une question qui fâche. Pas une position qui tranche. De bonnes intentions et une ligne de conduite. Prudence est mère de sureté. Dans la houle, il faut savoir se protéger et dispenser la bonne parole.
En cette magnifique après-midi ensoleillée, la baie de Sidi Bou Saïd est merveilleuse. Pourvu qu’il en sera de même pour notre économie et nos finances. Un jour ou l’autre.