Mohamed Fadhel Kraiem: Monter au créneau pour un enjeu pays
Studieux, calme et stratège, Mohamed Fadhel Kraiem, 53 ans, est à l’aise aussi bien dans le marketing, la gestion et les finances que dans les télécommunications et les technologies de pointe. Il fait partie des très rares ministres nommés par Elyès Fakhfakh en février dernier et maintenus avec insistance par Hichem Mechichi. Sa formation d’ingénieur doublement diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications (Paris) a été enrichie par un parcours d’excellence, à de hautes positions, commencé en France, poursuivi au Maroc et confirmé en Tunisie. Au sein de grandes compagnies (Cap Gemini, Vivendi...) et d’opérateurs de référence (SFR, Maroc Telecom, Inwi et Tunisie Telecom), il a eu l’occasion de déployer ses talents.
Cet enfant de Kheniss (Monastir), qui avait effectué ses études à Sfax où son père était un illustre directeur régional de l’enseignement primaire, était ravi de rentrer en Tunisie en 2010 rejoindre Tunisie Telecom. Il aura à affronter tant de rebondissements, accédant au poste de DGA... Mais, dépité, il préfèrera changer d’horizon et prendra alors les commandes de l’enseigne Monoprix. Il sera rapidement rappelé à la maison-mère en tant que P.D.G. en 2017. Deux ans après, il est nommé ministre des Technologies de la communication.
Plus d’une fois, il avait été pressenti pour rejoindre des gouvernements successifs. Avec sa courtoisie naturelle et en toute discrétion, Fadhel Kraiem n’avait pas souhaité y donner suite. Cette fois, il a considéré que le moment était venu pour lui de monter au créneau. La question n’est pas simple, sans pour autant penser à la question financière puisque son salaire sera divisé par des multiples, ou estimer qu’il y a un risque à prendre. La seule question qu’il s’est posée: regrettera-t-il un jour de ne pas avoir accepté ce poste ministériel, et qui plus est dans un domaine qu’il connaît bien et où il peut apporter une contribution significative. Sa réponse a été rapide.
Ce qui a changé pour Fadhel Kraiem, entre ses anciennes fonctions de P.D.G. de Tunisie Telecom et celles de ministre, c’est qu’hier il gérait une grande entreprise, un opérateur historique. A présent, c’est un enjeu pays tout entier, avec l’impératif de rattraper au plus vite le retard accusé et relever de grands défis, à commencer par celui de l’infrastructure.
Sa plus grande surprise en prenant les commandes du département, c’est de découvrir l’ampleur de la lourdeur des procédures, surtout dans le processus achats. Le temps de décider, d’établir un cahier des charges, de dépouiller les offres et d’engager la passation de marché est très long, pénalisant et ratant souvent la technologie d’avance escomptée. Des délais souvent mortels pour de nombreux projets, pourtant urgents. «Mon combat premier, affirme-t-il, est contre la bureaucratie, pour l’accélération et la simplification des procédures, dans le respect de la réglementation en vigueur.
Fadhel Kraiem se déploie au même rythme soutenu qui a toujours été le sien, en gérant le court terme et le long terme à la fois. La dimension politique de sa fonction s’y ajoute. Il doit composer avec le système en place et tenir compte des différents aspects à ne pas négliger.
Ce qui le motive le plus, c’est le potentiel énorme que recèle le pays: une matière grise très fertile et un réel enthousiasme. «Tous les ingrédients sont réunis pour réussir, il suffit de débloquer la mise en œuvre et de la hâter », dit-il.