Chalabi, Hijazi, Chabana, Adib et les autres
Mercredi 6 octobre. Il est 22 heures (HT). Mid'hat Chalabi, le présentateur-vedette de la chaîne de télévision privée égyptienne, Modern Sport, s'apprête à présenter son journal. Un de ses collaborateurs lui tend un papier. Le présentateur parcourt rapidement le texte. Il s'agit du communiqué du ministère tunisien de la jeunesse, du sport et de l'éducation physique annonçant la création d'une commission d'enquête sur les incidents qui ont émaillé le match El Ahly-Espérance. Le présentateur lit sur un temps martial, la mine grave, comme s'il s'agissait d'un communiqué militaire. Le texte se termine ainsi : les mesures qui s'imposent seront prises en fonction des résultats et des conclusions de l'enquête. Or, à ma grande surprise, le présentateur poursuit sa lecture : "selon des sources concordantes, la commission décidera probablement du huis clos pour le match retour à Radès", comme si la phrase faisait partie du communiqué, sachant que cette commission ne s'est pas encore réunie et que ses membres, jusqu'à plus ample informé, pas encore désignés. Un exemple parmi d'autres de la manipulation de l'information dont sont coutumiers certains journalistes égyptiens.
Voilà quatre jours que Mid'het Chalabi ouvre son journal par ce fameux match avec les inévitables séquences des heurts entre la police égyptienne et des supporters espérantistes passant en boucle, faisant dans la stigmatisation et l'affabulation (c'est lui l'auteur du faux "scoop" du transfert d'Eneramo à Al Ahly destiné à déstabiliser l'Espérance), travestissant les faits et les textes, tronquant les citations, soufflant encore et toujours sur la braise au risque d'éveiller les vieux démons de la fitna entre les pays frères.
Chalabi n'est pas malheureusement un cas isolé. Il fait partie de ce quarteron de journalistes égyptiens composé également de 'Ala Sadek et Ibrahim Hijazi sur Nile sport et Mohamed Chabana sur Modern Kora, auxquels il faudra ajouter 'Amr Adib qui avait mis à lui seul l'Egypte et l'Algérie au bord de la rupture. Avec leur mine enjouée,leurs bonnes manières, leur bagout, on leur donnerait le bon dieu sans confession. Il suffit de gratter un peu et là, on ira de mauvaise surprise en mauvaise surprise. Ils est vrai qu'ils ont de qui tenir. La filiation saute aux yeux. Ils sont les épigones du tristement célèbre Ahmed Saïd, directeur de la station de radio Sawt El Arab, en charge de la propagande sous Nasser dont les jeunes générations ne peuvent pas imaginer le tort qu'il a fait à l'Egypte et au monde arabe.
Heureusement, il y a une justice immanente : Ala Sadek a été remercié il y a deux jours pour avoir critiqué violemment la " mansuétude" de la police égyptienne lors de ces incidents alors que 'Amr Adib s'est vu notifier dernièrement son licenciement par son employeur saoudien. Espérons que leurs compères passent, eux aussi, à la trappe, avant qu'ils ne provoquent d'autres dégâts. Ce serait un acte de salubrité publique.
Heureusement aussi que les autorités des deux pays ont su relativiser des évènements qui, pour être assez graves, n'en sont pas moins courants dans tous les stades du monde.
Hédi Béhi
Liens : Modern Sport ou l'art de prêcher la haine