Où vont ces enfants palestiniens?
Par Arselène Ben Farhat - L’enfance connote innocence, pureté, vitalité, vie, jeu, fragilité. Dans l’univers palestinien dominé par la souffrance, l’exploitation, l’expropriation et la destruction des maison, l’image des enfants est, pour les familles palestiniennes, un rayon de soleil, une échappée vers un univers d’espoir. Mais les photos publiées par « le Centre Palestinien d’Information » et par des organismes internationaux nous bouleversent. Les images de ces anges palestiniens suscitent notre émotion et notre colère.
Où vont ces enfants palestiniens ? Ils ne vont certainement pas à leur école ou à leur collège, mais à l’une des prisons israéliennes. Au premier plan de ces photos, nous voyons des enfants âgés de neuf à onze ans tenus par des soldats bien armés comme s’ils étaient de dangereux criminels. Sur le visage bouleversé de ces pauvres innocents, des pleurs et des signes de détresse, de panique, de peur mais les mains de fer des militaires impitoyables les trainent violemment dans la rue et leurs terribles cris et menaces percent les photos et assourdissent nos oreilles. Des images terrifiantes, insupportables et les rapports qui les accompagnent sur des tentatives de viol de ces enfants sont glaçantes!
D’après la revue « raialyoum » "رأي اليوم" (février 2021), plus de 543 enfants de huit à onze ans ont été arrêtés arbitrairement par les autorités israéliennes en 2020 et des centaines d’enfants ont été déjà condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. Aucun respect des droits fondamentaux des enfants, aucun espoir de les aider, de les sauver. Ce sont des victimes de la terrible machine répressive israélienne.
Tahar Bekri qui a accompli un voyage en Palestine évoque cette jeunesse sacrifiée dans la deuxième partie de son œuvre, "Salam Gaza", «Voyage en Palestine» (Editions Elyzad, 2010). Il est invité par les responsables d’un camp de réfugiés à écouter la chorale des enfants:
«Il fait froid dans la pièce. Les filles de sept à douze ans peut-être, habillées modestement, brunes, certains aux yeux clairs, allures décidées et fières. Elles se mettent à chanter en arabe :
Mon dieu apprends-moi la patience
Ton nom est force dans mon cœur
Rassure-moi, donne-moi de la patience
Donne-moi de la de force contre toute injustice
Les jours et les années passent
Et moi je souffre et je parle
Personne ne souffle mot
Mes amis et les plus chers des êtres
M’ont laissé et abandonné
Ils me manquent depuis qu’ils sont partis
Leur éloignement me donne des larmes
Je suis là à écouter ces voix d’ange. Je me penche légèrement pour cacher une larme au fond de l’œil. Mais c’est impossible. Mes larmes coulent plus forte que moi.» (Tahar Bekri, "Salam Gaza", «Voyage en Palestine», Editions Elyzad, 2010, p. 95-96).
Il est bien difficile pour nous de rester insensibles face à ce drame des enfants palestiniens martyres qui subissent toutes les formes de brutalité, de violence physique, psychologique et morale. Mais pouvons-nous vraiment améliorer leur situation tragique quand leurs parents sont eux-mêmes opprimés ?
Arselène Ben Farhat