Mal-vie: Stress, anxiété, dépression...Comment se donner des ressorts
Violence ! Souffrance ! Comme si le lot quotidien de peines déjà endurées ne suffisait pas ! La pandémie et ses suites sont venues accabler le Tunisien de davantage de maux et provoquer en lui encore plus de troubles psychologiques. Le terrain était déjà fragilisé : stress, anxiété, dépression... Les facteurs sont multiples et forts : précarité, chômage, revenu et emploi menacés, accès aux soins difficiles et onéreux, dislocation des liens sociaux, soupapes de défoulement et de décompression obstruées, cafés, restaurants, cinémas, centres de loisirs, de culture, de sport et autres le plus souvent fermés...
Plus encore, l’arrêt des cours, les confinements en mode court et long, l’interdiction des déplacements entre les régions, les restrictions quant à la prière dans les mosquées et aussi les funérailles et autres, ajoutent au cantonnement à domicile une sensation d’étouffement. Les tensions sont exacerbées et la violence faite aux membres de la famille, femme et enfants, s’accroît.
L’instabilité politique, la gestion erratique tant de la pandémie de Covid-19 et de ses séquelles que des affaires de l’Etat, la persistance des menaces terroristes et l’accroissement de la criminalité cultivent l’insécurité. Les mouvements sociaux, en nette augmentation, expriment des revendications fortes. Migration clandestine et suicides, aux indicateurs de plus en plus élevés, traduisent désespoir et ruptures.
Dans la douleur
Dans ces ténèbres qui recouvrent les âmes et les esprits, les gouvernants ne donnent aucune lueur au bout du tunnel. La famille peine elle aussi à apporter sa compassion, son écoute, sa solidarité. La société civile s’enlise de son côté dans la protestation et les syndicats dans la revendication. D’habitude portés surtout par les jeunes, les chômeurs et les nécessiteux, les mouvements sociaux associent désormais des magistrats (longue grève en décembre dernier), médecins, journalistes et autres corporations considérées aisées. Pas moins de 8 759 actions de protestation en 2020, pour la plupart (5 693 actions, soit 65%) anarchiques, ont été relevées par l’Observatoire social tunisien du Ftdes. Le mois de décembre a enregistré un pic de 1 149 actions, soit 37 par jour en moyenne.
La migration aussi est à la hausse. Elle devient collective, en famille, avec femme et enfants. Si 13 466 migrants clandestins et 1 096 opérations ont été interceptés en 2020, 12 883 migrants ont pu atteindre les côtes italiennes. Ces effectifs sont constitués à hauteur de 60% de Subsahariens et 40% de Tunisiens.
Le sentiment d’échec conduisant à mettre fin à sa vie est inquiétant. L’année écoulée a enregistré 235 cas de suicide déclarés : 174 hommes et 61 femmes, la pendaison venant en première position des tristes moyens utilisés.
Rebondir
Et pourtant, il va falloir s’en sortir ! S’inventer des ressorts pour résister, se donner courage et rebondir. Comment ne pas sombrer dans la dépression, lâcher les amarres et se laisser emporter par les vagues à la dérive ?
Pour obtenir des éléments d’éclairage, Leaders a interrogé trois médecins psychiatres : les Drs Sofiane Zribi, Rym Ghachem et Lotfi Gaha. Chacun a traité d’une catégorie spécifique : les jeunes, la femme et les personnes âgées. Etat psychologique, enjeux et recommandations nous interpellent...
Taoufik Habaeib
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