Mohamed Adel Chehida - L'instabilité politique, l'Italie dans les pas de la Tunisie
On assiste de l’étranger à un sombre scénario politique tunisien où trois grandes institutions de la deuxième république se déchirent pendant que notre pays affronte une pandémie mortelle, qui a mis à genoux, les plus grandes puissances mondiales.
Les représentants du peuple se donnent en spectacle sous la coupole du Bardo alors qu’une pandémie est en train d’élargir les écarts entre riches et pauvres, menace les libertés individuelles et met à mal les valeurs d’équité et de justice sociales déjà moribondes.
Que faire en tant que simple citoyen si ce n’est chercher de survivre ?
La Tunisie a un système politique similaire à celui de l’Italie, exception faite de la chambre du Senat. L’Italie a vécu ces dernières semaines une crise politique ouverte. Une figure de haut niveau professionnel, en l’occurrence, Mr Mario Draghi a été désignée par le président de la république, Mr Sergio Marttarella, pour former un gouvernement. Il a réussi son pari. Super Mario comme il est appelé, vient de réussir un exploit en composant un gouvernement politique où toutes les tendances sont représentées. L’intérêt supérieur du pays a prévalu.
Revenons un peu en arrière. En Italie ces dernières années un mouvement populiste a été créé par le comédien comique Grillo sur des thèmes antisystèmes, anti-européens, contre l’euro et slogan ramasse tout, la lutte contre la corruption notamment celle des hauts responsables, il a appelé son groupe « Mouvements 5 Etoiles ».
Ce qui s’est passé en Italie pourrait nous éclairer. Revenons quelques mois en arrière. L’avocat Giuseppe Conte avait gagné les élections et comme le prévoit la constitution, il a été chargé de former un gouvernement. Le parti de droite Lega nord accepte d’en faire partie. Surprenant tous les acteurs politiques, Giuseppe Conte propose le ministère des finances à un certain Paolo Savona, un anti européiste et anti euro ! Le président de la république, Mattarella, s’y oppose catégoriquement et il a été entendu.
Le gouvernement Conte 1 a eu une vie très courte, en 2019 le leader de droite Salvini a voulu prendre la main pour conduire lui-même le gouvernement. Il a provoqué une crise politique mais sa manœuvre n’a pas marché et la gauche s’est unie immédiatement au mouvement populiste, M5 Etoiles, pour constituer le gouvernement Conte ! Pourtant, pourtant tous les regards étaient déjà à l’époque dirigés vers Berlin où résidait Mario Draghi, qui était encore pour deux mois seulement président de la Banque Centrale Européenne. Le psychodrame politique s’est déroulé dans le strict respect de la gestion par la présidence de la république et le respect du sens de l’Etat.
Récemment, suite aux désaccords multiples au sein de la coalition concernant la gestion des fonds d’aides fournis par l’Europe (200 milliards d’euros) pour l’Italie durant la pandémie le parti de Matteo Renzi (Italia Viva) retire ses ministres et provoque la énième crise politique malgré tous les appels à la raison. M. Conte a essayé en vain, après quelques tentatives, de reformer une nouvelle majorité parlementaire, il finira de présenter sa démission au président Mattarella qui nomme Mario Draghi en un temps record expliquant directement et avec toute transparence à ses concitoyens l’urgence et la gravité du moment, en insistant sur la nécessité d’une cohésion de la stabilité politique et le fonctionnement des institutions.
Ce que j’ai décrit d’une manière succincte et sans entrer dans les interprétations et les enjeux n’est pas idéal, mais à aucun moment les citoyens n’ont eu à assister à des querelles ou accusations au sommet de l’État, Les théories complotistes, les ragots de plateaux télévisés à la recherche d’annonceurs publicitaires, les « magouilles en chambres noires » n’ont pas parasité le sommet de l’État.
Le respect et la confiance dans et entre les institutions sont des piliers pour le fonctionnement des rouages de l’état. La simple interprétation de la constitution garantit à elle seule la survie d’une nation et son unité. Notre démocratie naissante est loin d’être parfaite et en 10 ans nous n’avons pas réussi à mettre en place des gardes fous, d’où la lassitude des citoyens et le désenchantement des classes pauvres et moyennes. Le sens de l’État n’est pas intégré par nos élus. Le 4eme pouvoir ne joue pas son rôle d’éclaireur de l’opinion publique. Le 5eme pouvoir, les réseaux sociaux, tel un cheval fou manipule à tout va, l’opinion devient une vérité, les versions les plus folles, le dénigrement, les vidéos ridicules portent des coups à la crédibilité de ce qui a été fait. L’amateurisme, l’inexpérience ne disculpent pas les responsables.
D’où mon appel au sens de responsabilité et au patriotisme, laissez de côté votre ego Mesdames et Messieurs, l’Histoire est votre seul juge.
Dr Mohamed Adel Chehida
- Ecrire un commentaire
- Commenter
La différence entre l'ltalie et la Tunisie : En Italie le président est élu par les 2 chambres et les délégués régionaux et n'intervient pas dans les affaires extérieures et dans la défense.Et malgré cela la crise a été résolue en douceur. Par contre chez nous notre président de la République a été élu au suffrage universel et possède des prérogatives entre autres la sécurité Nationale.Mentionnons en outre que le président du gouvernement incognito a été choisi par le président de la République et il s'entête à ne pas résoudre la crise par la concertation.
Excellente analyse, mais étranger à votre pays, vous devenez irrecevable.
Excellente analyse, mais en tant qu'étranger à votre pays, puisque vous n'y VIVEZ pas, vous devenez irrecevable. Désolée...