Gouvernement Mechichi : Maintenu sous «acharnement thérapeutique», estime Pr Salsabil Klibi
Pronostic vital engagé ! Professeur universitaire en droit public, Salsabil Klibi ne s’y trompe pas. Hichem Mechichi n’est pas maître de sa décision de démission ou de résistance à la Kasbah. Son gouvernement est en fait maintenu sous « acharnement thérapeutique », diagnostique-t-elle. « Sur un gouvernement rabougri, qui a perdu son autorité et sa force de frappe (si tant qu'il en avait une), à un moment où le pays connait sa crise économique et financière sans doute la plus grave depuis l'indépendance ! », ajoute-t-elle.
Ce sont en fait les partis Nahdha et Qalb Tounès qui ne veulent pas voir la main revenir, encore une fois au président de la République, en cas de démission du chef du gouvernement, pour désigner son successeur et le soumettre à l’aval du parlement.
Pr Klibi relève que « la rupture entre le président et le chef du gouvernement est consommée et qu'il est vain d'espérer une quelconque conciliation entre eux ». Elle note que ces deux partis « commencent à saisir le fonctionnement du président ».
La motion de censure par le parlement contre Mechichi est à l’étude au Bardo. « Or s'il est peut-être facile à la coalition de réunir les 109 voix nécessaires à la chute du gouvernement Mechichi, souligne Pr Klibi, dans un texte publié sur sa page Facebook, les choses étant ce qu'elles sont au sein du parlement, il lui est quasiment impossible de réunir une majorité autour d'un nouveau candidat (il est plus facile de s'entendre pour démolir que pour construire).
Texte intégral
La dernière missive adressée par le président de la République au chef du gouvernement (par-delà la théâtralité qui l'a entourée) ne comporte strictement rien de nouveau quant aux griefs qu'il a déjà exprimé relativement au remaniement ministériel, qu'il s'agisse du manquement aux procédures prévues par la constitution, ou au choix des nouveaux ministres.
Cependant le problème est ailleurs et je crains qu'on ne mesure pas tout à fait la gravité de la situation.
Il est clair que la rupture entre le président et le chef du gouvernement est consommée et qu'il est vain d'espérer une quelconque conciliation entre eux.
La décision de ne pas démissionner, fermement annoncée par le chef du gouvernement, tient au fait que Nahdha et Qalb (principaux soutiens de Hichem Mechichi), refusent de voir l'initiative de choisir un nouveau chef de gouvernement revenir encore une fois au président de la République (parce que conformément à la constitution, c'est ce qui se passera si le chef du gouvernement démissionne). Nahdha et Qalb commencent à saisir le fonctionnement du président, celui-ci choisira, comme il l'a fait jusqu'ici, une personnalité qui ne bénéficie pas du soutien de la présente majorité, avec qui il est entré en guerre, soit en vue de soumettre la nouvelle équipe gouvernementale à son autorité à lui, soit dans l'espoir de voir le parlement lui refuser sa confiance et procéder ainsi à une dissolution tant désirée.
Pour que l'initiative de choisir un successeur à Hichem Mechichi revienne au parlement, il faut que ce dernier le démette par le biais d'une motion de censure, on peut imaginer que Nahdha et Qalb réussissent à passer un accord avec lui dans ce sens. Cependant, selon la constitution, le vote du retrait de confiance doit être en même temps un vote pour un nouveau candidat à la présidence du gouvernement. Or s'il est peut-être facile à la coalition de réunir les 109 voix nécessaires à la chute du gouvernement Mechichi, les choses étant ce qu'elles sont au sein du parlement, il lui est quasiment impossible de réunir une majorité autour d'un nouveau candidat (il est plus facile de s'entendre pour démolir que pour construire).
Ne pouvant reprendre la main et refusant que le président reprenne l'initiative du choix d'un chef du gouvernement, les partis qui forment la majorité vont continuer cet "acharnement thérapeutique" sur un gouvernement rabougri, qui a perdu son autorité et sa force de frappe (si tant qu'il en avait une), à un moment où le pays connait sa crise économique et financière sans doute la plus grave depuis l'indépendance !
هذا المنجل وهاذي القلّة
الأفلاس أمامنا والفوضى وراءنا
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