Violation du siège de l’Agence TAP : Un acte indigne de la démocratie (Album Photos)
Tenter un passage en force pour s’imposer à la tête de l’Agence Tunis Afrique Presse (ATP) est inadmissible ! Les scènes de ce qui s’est passé mardi au siège, à El Manar, sont cauchemardesques. Dénoncé par les journalistes de l’Agence en premier lieu, soutenus en cela par leurs confrères en Tunisie et à l’étranger, elles témoignent d’une violation du siège d’un média qui lutte pour son indépendance et pour la liberté de ses journalistes. En ce premier jour du ramadhan, l’affrontement était à son comble, entre la force du pouvoir et la puissance de la liberté de la presse. Alors que l’Agence TAP, avait amorcé sous la férule de la directrice générale Mouna Mtibaa, limogée en toute surprise, sa mue digitale, dans un élan commun avec les équipes, une nouvelle nomination jugée inacceptable vient tout perturber. Le climat social, déjà sensible, s’en trouve enflammé.
Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que les pères fondateurs de l’Agence TAP voulaient la doter d’un statut garantissant sa pérennité avec ou sans l’aide de l’Etat. «J’avais pensé à une société anonyme où l’Etat, les journalistes et les médias sont actionnaires, se souvient encore, Hamed Zeghal, alors directeur de l’Information, chargé de créer l’Agence. Je m’étais dit, à la lumière de l’expérience des grandes agences, qu’il ne fallait ni suivre le modèle de l’AFP à 100% propriété de l’Etat, ni celui des agences américaines, à 100% privées. En associant le personnel de l’Agence et ses clients autour de l’Etat, on lui assure un actionnariat solide et, partant, une bonne gouvernance». Ce concept ne s’est finalement pas réalisé, même si certains journalistes de l’époque et des médias publics ont souscrit au capital.
Quel intérêt peuvent avoir les pouvoirs publics en mettant la main sur la direction générale de l’Agence ou de tout autre média public ? S’il s’agit de s’assurer de l’impartialité et de la bonne gestion au titre d’une gouvernance appropriée, de grands corps de l’Etat sont en mesure de fournir des compétences de haut niveau. La Cour des Compte, le Tribunal administratif, le Contrôle général des Services publics et autres institutions regorgent de hauts magistrats et fonctionnaires capables d’assumer pareilles missions.
Aujourd’hui, les agenciers TAP se sentent offensés, outrés, bousculés, malmenés. Aucun motif ne saurait le justifier. Ce bras de fer est de trop. On ne s’oppose pas à la volonté des journalistes. On la respecte.
Lire aussi
L'Agence TAP entame sa 53e année